Selon une étude de l'Insee rendue publique début octobre, près d'un adulte sur dix vivant en France ne sait pas lire. Douze pour cent des personnes âgées de 18 à 65 ans vivant en France sont "dans une situation préoccupante par rapport à l'écrit".

Il y aurait ainsi un peu plus de 2,3 millions de personnes illettrées en France, chiffre qui serait aujourd'hui en légère augmentation. C'est énorme. Sept pour cent des jeunes, entre 18 et 25 ans, éprouvent des difficultés graves en lecture, alors qu'en France la scolarité est obligatoire jusqu'à 16 ans et que la plupart des élèves quittent l'école plus tard, même ceux qui choisissent les filières professionnelles, c'est-à-dire les études les plus courtes.

Pour éliminer l'illettrisme, il faudrait d'abord et avant tout commencer par améliorer les conditions d'enseignement: quinze pour cent des enfants ne maîtrisent pas la lecture ni l'écriture quand ils rentrent en sixième. Il faudrait par conséquent payer le prix en embauchant pour que les classes ne soient pas surchargées, pour que ceux qui ont le plus de difficultés puissent travailler en petits groupes. Bref, il faudrait rassembler tous les moyens humains et matériels nécessaires.

Il y a plus d'un siècle, en presque deux décennies, l'ensemble de la population française fut alphabétisée avec succès. Certes les gouvernements d'alors ne s'étaient pas lancés dans cette politique volontariste par humanisme, mais parce que la bourgeoisie y voyait un intérêt. Cette période montre en tout cas qu'éliminer l'illettrisme serait tout-à-fait possible si les gouvernements n'avaient pas comme seule priorité de soigner les comptes en banque des patrons.