Services publics : Modernisation sauce Villepin03/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1944.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Services publics : Modernisation sauce Villepin

Quand un membre du gouvernement entonne le couplet sur la " nécessité de moderniser le service public ", salariés et usagers ont de quoi se montrer méfiants. Dans sa conférence de presse du 27 octobre, Villepin a annoncé ses projets dans ce domaine.

Il affirme tout d'abord vouloir rapprocher l'État des usagers. Pour cela, il avance plusieurs propositions : généraliser l'utilisation d'internet pour la plupart des démarches administratives et, dans les grandes villes, ouvrir les guichets de La Poste et de la Sécurité sociale un soir par semaine jusqu'à 20 heures, ainsi que le samedi matin. Outre le fait que tout le monde ne possède pas d'ordinateur et que moins de gens encore sont reliés à internet, on se rappelle la pagaille occasionnée au moment de la déclaration d'impôts, pour ceux qui avaient voulu utiliser ce moyen. En ce qui concerne l'extension des horaires d'ouverture de certains services, Villepin ne le sait peut-être pas, lui qui n'a jamais dû y faire la queue, mais les bureaux de poste sont déjà ouverts le samedi matin ! Et il fut un temps où ils étaient ouverts le samedi après-midi.

Pour les usagers, le principal problème n'est pas que les bureaux de poste, ou ceux de la Sécurité sociale, restent ouverts une heure de plus un soir par semaine, même si cela peut dans certains cas faciliter les choses, mais qu'il y ait chaque jour du personnel en nombre suffisant derrière les guichets aux heures habituelles d'ouverture, pour ne pas avoir à subir des heures d'attente. Et ce n'est pas en ouvrant des guichets plus longtemps, sans embaucher de personnel, qu'on améliorera les choses.

Si le gouvernement voulait effectivement " rapprocher l'État des usagers ", il commencerait donc par embaucher dans les services publics. Mais il n'en est pas question. Bien au contraire, le Premier ministre continue la politique de ce qu'il appelle " une meilleure gestion des effectifs ", c'est-à-dire la diminution du nombre des employés.

Pas d'embauche dans les secteurs où le manque de personnel se fait particulièrement sentir, à commencer par les hôpitaux, La Poste, l'Éducation, etc., mais... la possibilité d'augmenter les horaires de travail pour certains. " Il faut que les fonctionnaires qui veulent travailler plus pour gagner plus d'argent puissent le faire ", a-t-il déclaré, soit en faisant des heures supplémentaires, soit en rachetant des jours de RTT. Les employés des services publics, qui ont vu leur charge de travail s'accroître parallèlement à la baisse des effectifs et dont le pouvoir d'achat s'amenuise, ont certes besoin d'augmenter leur salaire, mais pas en contrepartie d'un allongement de la durée du travail. La méthode n'est pas nouvelle. On commence par donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de gagner un peu plus en travaillant plus longtemps. Puis, au fil du temps, le salaire moyen devient celui obtenu en y incluant les heures supplémentaires, imposée ou non d'ailleurs. Et le tour est joué.

Et puis, en faisant l'amalgame entre " bas salaires " et " fainéants ", il en rajoute une couche dans la propagande qui vise à faire croire qu'il y aurait " trop de fonctionnaires qui se la coulent douce " !

Sous prétexte de " modernisation ", le gouvernement veut faire baisser le nombre de postiers, de cheminots, d'infirmières, et réduire leur salaire. Pour les usagers, cela se traduirait par une accentuation de la dégradation du service public.

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