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Leur société
Gauche, droite et privatisations : Changements de nom pour une même politique
Le PS, le PCF et même les Verts ont beau aujourd'hui dénoncer haut et fort l'entrée en Bourse de EDF et se déclarer contre les privatisations, ils ne peuvent faire oublier que ce sont eux-mêmes qui, lorsqu'ils étaient au gouvernement, ont activement mis en route un certain nombre d'entre elles.
En mai 1997, Jospin affirmait qu'avec lui il n'y aurait " ni nationalisation ni privatisation "... Mais c'était avant qu'il soit au gouvernement. Après, il y a eu les " ouvertures de capital " sous prétexte de donner un peu d'air aux entreprises !
Dès juin 1997, le capital de France-Télécom a été ouvert, l'État restant majoritaire. Une forte augmentation des tarifs et des réductions d'effectifs ont suivi. Toujours en 1997, à propos d'EDF, Jospin affirmait qu'elle ne devait " certainement pas être privatisée " mais poursuivait : " Une ouverture du capital est envisageable mais de manière maîtrisée et en consensus avec ses salariés. " La politique mise en oeuvre aujourd'hui par le gouvernement Villepin est bien sur la lancée de celle préparée par la gauche, qui elle-même reprenait le programme économique élaboré par Juppé.
En 1998, Gayssot, ministre PCF des Transports, qui avait déclaré avec véhémence qu'il ne serait pas le ministre de la privatisation d'Air France, donnait le feu vert à l'ouverture de son capital, effective en février de l'année suivante à hauteur d'un peu moins de 50%. C'est également lui qui, à la fin de l'année 2001 et après avoir répété qu'" ouverture de capital ne signifie pas privatisation ", approuvait l'ouverture de celui de la Société des autoroutes du Sud de la France, prétextant que les fonds ainsi recueillis iraient à l'amélioration du transport ferroviaire des marchandises dans le massif alpin... Les habitants de la vallée de Chamonix, à proximité du tunnel du Mont-Blanc, ont dû apprécier.
L'année 1998 fut également celle de la fusion entre l'Aérospatiale et Matra, donnant naissance à EADS, le tout offert pour une bouchée de pain (17,7 milliards de francs alors que l'ensemble était estimé à 60 milliards) à Lagardère. La privatisation de Thomson-CSF, devenant Thalès avec une participation de l'État tombée de 58 à 43%, date également de cette année-là.
En 2001, les élections approchant, Jospin repoussa l'ouverture du capital de Gaz de France, que Fabius au ministère des Finances et de l'Industrie préparait depuis plus d'un an. Cela permet de peser la sincérité des récentes déclarations de Fabius, à France-Info, sur son opposition à l'actuelle ouverture du capital d'EDF, qui " n'a absolument rien à voir " dit-il avec ce qu'il faisait lorsqu'il était ministre de Jospin !