États-Unis : Bush trébuche sur les affaires03/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1944.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Bush trébuche sur les affaires

Très mauvaise semaine pour George W. Bush. Sa popularité a encore baissé depuis le précédent sondage réalisé le 11 septembre, au moment du cyclone Katrina. De 42%, elle est tombée à 39% le 30 octobre. Il est vrai que, cette semaine, le nombre de soldats américains tués en Irak a franchi le seuil des 2000.

Et Bush est rattrapé par une affaire liée à la façon dont son administration s'était engagée dans cette guerre. Un des principaux conseillers, le directeur de cabinet du vice-président Cheney, Lewis Libby, surnommé " Scooter ", vient d'être inculpé pour " faux témoignage, obstruction à la justice et parjure ".

Cette inculpation est la conséquence de ce qu'on appelle là-bas le " Plamegate ". En 2002 et 2003, l'administration Bush avait manipulé l'opinion pour justifier son entrée en guerre contre le régime de Saddam Hussein en expliquant que celui-ci disposait d'armes de destruction massive. L'opposition démocrate, comme la grande presse, lui avait emboîté le pas. Les voix discordantes étaient alors rares. Un envoyé spécial du gouvernement, l'ancien diplomate Joseph Wilson, avait été l'un des rares à dénoncer un des mensonges du gouvernement : le prétendu achat par l'Irak d'uranium au Nigeria.

Pour le faire taire, la Maison Blanche avait révélé à la presse que sa femme, Valérie Plame, était un agent de la CIA, ce qui avait ruiné sa carrière. Mais une telle dénonciation constitue un crime fédéral. Cela avait déclenché les investigations d'un procureur spécial contre la Maison Blanche.

Le secrétaire général adjoint de la Maison Blanche, Karl Rove, principal artisan de la politique de Bush, s'il n'est pas inculpé, reste dans le collimateur de la justice. Dans cette affaire, " Scooter " et Rove sont des fusibles censés couper court à des poursuites qui pourraient remonter au vice-président, voire à Bush lui-même.

Par ailleurs, Tom Delay, le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, un proche de Bush, est également inculpé dans une affaire de financement électoral. Il risque deux ans de prison.

Le camp républicain est remonté contre Bush. C'est que l'an prochain auront lieu les élections du demi-mandat. Et les élus républicains n'ont pas envie de faire les frais ni de son impopularité, ni de l'enlisement en Irak. Bush doit donc calmer son propre camp, qui lui met la pression. On vient de le voir dans la désignation d'un juge à la cour suprême.

Celle-ci est loin d'être une institution progressiste, mais l'aile évangéliste du Parti Républicain a pesé sur le choix de Bush. Celui-ci avait d'abord pensé à une de ses fidèles, l'avocate de la Maison Blanche, Harriet Miers. Sa souplesse d'échine semblait en faire une bonne candidate -cette ex-démocrate catholique affiche des convictions républicaines et évangélistes. Mais les républicains intégristes lui reprochent un manque de fermeté dans ses convictions. La candidate a jeté l'éponge et Bush s'est tourné vers Samuel Alito, juge de la cour d'appel. Sa candidature doit encore être approuvée par le Sénat, à majorité républicaine. Si ce choix se confirme entrera à la Cour suprême un ultra-réactionnaire de plus. Il est en effet connu pour ses opinions antiavortement.

Pour reprendre la main, Bush comptait sur la politique extérieure, mais là encore rien n'est facile. Berlusconi, hier encore allié fidèle, prétend maintenant lui avoir déconseillé de s'engager dans la guerre d'Irak, au point que Bush a dû annuler la conférence de presse prévue avec le chef d'État italien. Bush doit maintenant se rendre à Mar del Plata, une station balnéaire argentine, pour y assister au " Sommet des Amériques ". Mais des milliers de manifestants entendent bien gâcher sa visite.

Alors que faire pour retrouver la cote ? Espérer un nouvel attentat terroriste ou, mieux encore, se lancer dans une nouvelle guerre, contre la Syrie par exemple ?

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