Ateliers SNCF de maintenance Saint-Pierre-des-Corps (37) : L'amiante encore utilisé, scandaleux et criminel !03/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1944.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Ateliers SNCF de maintenance Saint-Pierre-des-Corps (37) : L'amiante encore utilisé, scandaleux et criminel !

Dans les ateliers de maintenance de la SNCF, la rénovation du matériel roulant équivaut à une véritable reconstruction. C'est ainsi que les caisses des voitures ou des rames sont décapées puis repeintes. Dans cette opération, les peintres étalent un enduit de rebouchage sur la tôle et le poncent ensuite avant le peinturage.

Nous venons d'apprendre à l'EIMM (Établissement de maintenance du matériel) de Saint-Pierre-des-Corps la présence d'amiante dans le talc qui entre dans la composition de ces enduits de rebouchage (de référence SNCF 2211 1313, 2211 1333 et 2211 1306). Aussitôt demandés par le CHS/CT, les résultats d'analyse des prélèvements de poussière sur les lieux de ponçage à l'EIMM confirment la présence d'amiante. Les ouvriers du secteur ont fait valoir mardi leur droit de retrait. La direction accepte d'isoler les voies du bâtiment utilisées pour le ponçage.

Le scandale dans cette affaire qui touche beaucoup d'ateliers SNCF, c'est que ce produit est vendu et distribué par la société Becker (Blancomme) sans que l'amiante soit indiqué dans sa composition. Or ce produit est soumis à étiquetage selon la législation et à fiche de données de sécurité selon l'arrêté du 05/01/93 et la norme ISO11014-1.

C'est bien la preuve que l'on ne peut pas se contenter de la fiche de données de sécurité fournie par le fabricant pour affirmer, comme le font parfois certains responsables SNCF, qu'un produit ne contient pas d'amiante. Seule l'analyse du produit lui-même ou des prélèvements de poussières émises lors de son utilisation sous le contrôle des salariés et du CHS/CT peut le déterminer.

Les fabricants invoquent le plus souvent le secret de fabrication pour s'abstenir d'indiquer sur les fiches de données de sécurité la composition exacte des produits dangereux. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas la leur réclamer. D'ailleurs, dans le cas présent, la direction SNCF indique que c'est la cellule Toxicologie qui, lors de la réception d'une nouvelle fiche de données de sécurité de cet enduit, a demandé au fabricant la composition du talc IT3X dont elle avait relevé la présence sur la composition de l'enduit.

Certes, le fabricant de ce produit qui cachait qu'il contenait de l'amiante est responsable de l'exposition de nos camarades. Mais cela n'exonère pas la SNCF de sa responsabilité. L'utilisation de l'amiante pur (plaques, tresse, etc.) est interdite à la SNCF depuis 1981 et les stocks gérés au Magasin général de Saint-Pierre avaient été déclassés. L'utilisation de l'amiante en tant que composé de produits est interdite depuis 1992, soit treize ans ! À la SNCF, un recensement de ces produits a eu lieu et ils ont été remplacés par des produits sans amiante. En plus, les élus CHS/CT avaient demandé et obtenu, à Saint-Pierre et ailleurs, qu'un inventaire de la présence d'amiante soit effectué sur le matériel roulant de telle sorte qu'à chaque fois qu'une intervention était prévue sur une partie amiantée, toute une méthodologie de travail soit établie à l'avance afin d'assurer la protection des salariés qui intervenaient sur cet organe.

Comment est-ce possible que l'on puisse encore utiliser à la SNCF des produits contenant de l'amiante et en plus sans le savoir ?

Cette négligence est coupable. Bien sûr, l'entreprise a pris des mesures d'arrêt immédiat d'utilisation du produit incriminé et de neutralisation des lieux où il a été utilisé, en tout cas à Saint-Pierre (à l'heure où nous écrivons nous ne savons pas si elle l'a fait dans les autres ateliers), et elle assurera aussi le suivi des salariés exposés. Mais en attendant le mal est fait et nos camarades peintres en ont peut-être pris plein les poumons.

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