Surendettement : Les usuriers modernes28/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1943.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Surendettement : Les usuriers modernes

Le surendettement touche de plus en plus de monde: 13,7% de plus en 2004 qu'en 2003, selon le dernier rapport de la Banque de France. Les chômeurs et les inactifs sont proportionnellement plus nombreux -de 2%- qu'un an auparavant. Mais le rapport révèle également l'importance croissante que prennent les crédits revolving ou crédits permanents, en hausse de cinq points sur trois ans.

Les enseignes de la grande distribution sont devenues virtuoses dans l'art de proposer à leurs clients des cartes de fidélité qui fonctionnent en fait comme des cartes de crédit émises par des organismes financiers spécialisés dans le crédit à la consommation. Ainsi, derrière les cartes Fnac ou La Redoute, on trouve Finaref, derrière le BHV, Cofinoga, derrière les Trois Suisses, Cetelem, etc. Ces organismes mettent à la disposition du consommateur une réserve d'argent utilisable, moyennant intérêt, pour tout achat dans le magasin qui a émis la carte. De plus, dans bien des cas, cette carte permet l'obtention d'un crédit que l'organisme financier encourage à solliciter. La particularité de ce crédit, c'est qu'il se renouvelle automatiquement, au fil des remboursements, dans la limite d'un montant maximal alloué au client par le prêteur. Une autre particularité est qu'il s'obtient avec une facilité déconcertante et qu'on trouve plus de 30 millions de ces cartes en circulation puisqu'on peut les cumuler sans problème.

Si l'acheteur est vigilant, il veillera à utiliser les avantages -souvent très minces (points de fidélité, bonnes affaires...)- et à réclamer l'option "paiement au comptant" à chaque passage en caisse pour éviter la spirale de l'endettement. Mais s'il l'est moins et surtout s'il a des revenus extrêmement bas, il s'endettera même pour acheter des biens de première nécessité.

Les médias montrent souvent du doigt ces acheteurs inconscients qui, selon eux, s'endettent pour acquérir des biens inutiles et vivent au-dessus de leurs moyens. Mais il y a bien plus à dire sur ces organismes de crédit qui pratiquent des taux d'intérêt exorbitants, entre 15 et 19% l'an -que les magasins présentent d'ailleurs souvent sous leur forme mensuelle, 1,5% par mois, au lieu de 18% par an, pour mieux piéger le client.

Pendant des siècles, l'usurier prêtant même de petites sommes, à court terme et à intérêt élevé, prenant à la gorge son débiteur, paysan, boutiquier, ouvrier, a été la bête noire de la population et aussi, parfois, le bouc émissaire des puissants.

Aujourd'hui, les usuriers sont bien souvent de grosses sociétés qui s'enrichissent, en toute légalité, de la misère des pauvres.

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