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Le PCF en campagne : Douze mesures "nouvelles" et "radicales"... pour finir sur une seule vieille note éculée
L'Humanité du lundi 24 octobre rendant compte du discours de Marie-George Buffet à Paris le samedi 22 octobre, titrait: "12mesures qui peuvent changer la vie", avec comme sous-titre: "La responsable du PCF jette les bases d'un programme pour la gauche".
C'est avec un ton qui se voulait radical que la secrétaire nationale du PCF a proposé "d'aller chercher l'argent là où il est", ajoutant qu' il faut "en finir avec les exonérations qui ne servent qu'à organiser les licenciements". Mais la prétendue radicalité des propos ne pouvait masquer la finalité du projet beaucoup moins glorieuse, elle. Ainsi, quand Marie-George Buffet déclara: "Nous avons la responsabilité de permettre que les aspirations qui s'expriment, malgré la chape de plomb qui nous est imposée, fassent irruption en politique et qu'elles se conjuguent dans une alternative à cette violente régression", il fallait traduire que le but du PCF est tout simplement de permettre à la "gauche", c'est-à-dire d'abord au Parti Socialiste, de revenir au gouvernement en 2007.
Le problème est toujours le même pour la direction du PCF: comment être associé au gouvernement si ce n'est en y étant convié par le PS. Cela le PCF le sait bien, d'où la modération du contenu de ses propositions qui vont de la "constitution d'un pôle bancaire public", à "un réseau politique contre les licenciements", pas de quoi faire vraiment trembler les patrons licencieurs! Marie-George Buffet poursuit en disant qu'il faut aussi "écrire de nouvelles pages du code du travail"; certes, mais pour dire quoi? Et elle termine par une proposition qui se veut forte, face à la baisse du pouvoir d'achat: l'organisation d'un "Grenelle des salaires". Cette proposition, qui est l'exacte reprise de ce que proposent en choeur tous les dirigeants du PS, doit faire sourire bien des patrons du Medef, car comme référence c'est loin d'en être une dont les travailleurs auraient à se féliciter. En effet, c'est à Grenelle qu'en 1968 les syndicats, tous unis, ont vendu la grève de dix millions de salariés contre quelques miettes pour les travailleurs et quelques avantages plus substantiels pour les appareils syndicaux.
Mais, aussi limitées que soient les propositions du PCF, elles n'engagent personne, car pour être mises en oeuvre il faudrait que se réalisent deux conditions. D'abord que la gauche, conduite par le PS, se retrouve majoritaire aux prochaines élections. Ensuite que les dirigeants du PCF arrivent, pour autant qu'ils essaient vraiment, de convaincre celui ou celle du PS qui se retrouverait à la tête du gouvernement d'appliquer une politique un tant soit peu en faveur des travailleurs, et non pour l'essentiel la déclinaison des seules volontés du grand patronat.
Seulement, si l'on se réfère à ce qu'avaient fait Gayssot ou même Marie-George Buffet, ministres PC dans le gouvernement Jospin, il est permis d'en douter. Non seulement ces derniers n'avaient pu convaincre Jospin et ses ministres du PS de mener une politique en faveur des travailleurs, des retraités ou des chômeurs, mais surtout les ministres du PCF avaient usé à l'époque de tout leur crédit pour justifier la politique antiouvrière du gouvernement de "gauche plurielle". Gayssot, le principal ministre communiste, avait quant à lui pris la responsabilité de faire passer auprès des travailleurs d'Air France la privatisation de la compagnie nationale, comme auprès des cheminots, la privatisation de certains secteurs de la SNCF.
Alors, la direction du PCF peut bien affirmer que "la nouvelle "union populaire", qu'elle propose aujourd'hui, n'a rien à voir avec l'ancienne "union de la gauche" ou la "gauche plurielle"", c'est quand même le retour à de vieilles recettes éculées.