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Leur société
Île de la Réunion : Vers la fin du colonat
Le lundi 17 octobre, l'Assemblée nationale a voté l'abolition du "colonat partiaire" dans les départements d'outre-mer
Ce type de contrat lit le propriétaire d'un terrain à celui qui le cultive, obligeant ce dernier à céder au propriétaire une part de la récolte produite. De par la loi, cette part ne peut excéder 33% de la production totale. À la Réunion, elle atteint aujourd'hui 25% de la récolte. Les frais d'engrais et de main-d'oeuvre sont à la charge du colon qui n'a pas le droit de diversifier sa production. Il ne peut planter sur sa parcelle que la culture, la canne à sucre en l'occurrence, s'y trouvant au moment de la passation du contrat de colonat.
Les colons espèrent un contrat de fermage à loyer fixe, leur permettant de surcroît de cultiver ce qu'ils veulent. Le journal Témoignages cite à ce propos une étude soulignant la différence entre les deux statuts: "Pour 100 tonnes de canne, le colon doit en céder 25 au propriétaire, alors que le fermier doit lui payer l'équivalent de 7 à 8 tonnes."
Le colonat n'est rien moins qu'une survivance de l'Ancien Régime. À La Réunion, le premier contrat de ce type a été établi en 1690, mais il s'est surtout développé après l'abolition de l'esclavage. Il concernait alors les Blancs pauvres et les Noirs affranchis qui n'avaient aucune envie de retourner travailler sur les plantations.
Il y a actuellement à la Réunion environ 800 colons partiaires sur 3000 agriculteurs. Ils travaillent essentiellement la canne dans l'est et le sud de l'île.
Selon les chiffres de la chambre d'agriculture, la moyenne de la surface exploitée par colon est de 2,45 hectares et ils tirent de leur travail environ 430 euros par mois. Et toujours d'après la chambre d'agriculture, en étant fermiers, ils gagneraient environ 662 euros par mois. Ce qui de toute façon serait loin d'être satisfaisant.
Si la loi est ratifiée début novembre et adoptée par le gouvernement, la suppression du colonat ne sera pas immédiate. Sans effet rétroactif, elle sera progressive et ne se fera qu'à la faveur des renouvellements de contrats. Et puis, la loi n'est pas assortie d'une obligation pour le propriétaire de signer un bail à ferme, ce qui fait craindre à bien des colons que les propriétaires reprennent leur parcelle, les privant ainsi de leur outil de travail.
Il a donc fallu attendre le début du XXIe siècle pour que cette forme de contrat archaïque soit abolie. Une évolution qui a suivi la rapidité de la tortue la plus fatiguée.
La gauche, qui avait eu maintes fois l'occasion d'abolir le colonat lorsqu'elle était au gouvernement en France, se dit satisfaite. La droite, quant à elle, n'en revient pas de son audace, sauf le sénateur-maire Virapoullé, grand propriétaire de son état et employeur de quinze colons. Il votera tout de même la loi mais ne cache pas que pour lui "c'est un marché de dupes" car, ajoute-t-il, "mes colons vivent bien". Certains accusent Virapoullé, l'homme de droite réunionnais, d'avoir voulu retarder l'adoption de la loi... par amour pour ses colons sans doute!