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Leur société
Droit de vote pour les immigrés : Sarkozy, Hollande, lequel est le plus hypocrite ?
Les propos tenus par Sarkozy, dans un entretien accordé au journal Le Monde du 25 octobre, ont de quoi surprendre par leur caractère inhabituel: "Il ne serait pas anormal, a-t-il dit, qu'un étranger en situation régulière qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins dix ans en France, puisse voter aux élections municipales." Par "étranger", il faut supposer que Sarkozy parle des immigrés venant de pays en dehors de l'Union européenne puisque, depuis le traité de Maastricht, les ressortissants européens peuvent voter aux élections locales.
Mais pour bien montrer qu'il n'entend pas renier la politique qu'il mène vis-à-vis de l'immigration, il reprend aussi ses thèmes favoris concernant l'accélération des expulsions de clandestins, un contrôle plus sévère des mariages mixtes, ou les limitations imposées pour rendre plus difficile les regroupements familiaux. Et il n'envisage pas d'étendre le droit de vote au-delà des élections municipales: "Il va de soi que le vote aux législatives ne peut être le fait que de citoyens français", a-t-il tenu à dire.
Il n'en a pas fallu plus cependant pour que certains dénoncent une opération visant à ratisser large en vue des élections présidentielles -ce qui lui est d'autant plus facile qu'un récent sondage indiquait qu'une majorité des Français était favorable à cette mesure -tandis que d'autres, à droite, l'accuseraient presque de défendre une politique de gauche!
Mais si, au travers d'une proposition dont rien n'indique qu'elle sera suivie d'une réalisation, Sarkozy peut apparaître aux yeux de certains comme un homme sachant pencher à gauche, c'est bien parce que, dans ce domaine comme dans d'autres, la gauche, et plus particulièrement le Parti Socialiste largement majoritaire, est apparue on ne peut plus pleutre. Hollande, le premier secrétaire du PS, somme maintenant Sarkozy de réaliser "tout de suite" cette mesure. "Il faut qu'on ne se contente pas de mots, de proclamations ou de coups de communication, mais que l'on aille jusqu'au bout", a-t-il affirmé. Mais qu'a fait son parti en faveur du droit de vote des immigrés quand il était au pouvoir? C'était l'une des 110 propositions de Mitterrand, dans son programme de 1981. Il avait alors la majorité absolue lui permettant de la faire voter. Mais non, il l'a mise au placard, se contentant de déplorer hypocritement que la majorité des Français aient été hostiles, d'après lui, à cette mesure. Et quand, en 2000, les Verts ont déposé un projet de loi allant dans ce sens, Jospin a retiré le texte avant même qu'il ne soit présenté au Sénat... Et pourtant, il ne s'agit pas d'une mesure radicale. La France est d'ailleurs un des derniers pays européens à refuser le droit de vote aux immigrés, au moins aux élections locales.
Bien sûr que les immigrés qui résident et travaillent en France depuis des années devraient avoir le droit de voter et celui d'être élus à toutes les élections, pas seulement aux municipales! Ils font partie du monde du travail. Ils participent en grande partie à la création des richesses du pays et ils paient des impôts qui alimentent les finances publiques. La moindre des choses serait qu'ils puissent s'exprimer, en tant qu'électeurs et en tant que candidats... même si -comme les autres travailleurs- ce n'est pas par le bulletin de vote qu'ils amélioreront leur sort.