- Accueil
- Lutte ouvrière n°1943
- Congrès du PS : Plusieurs motions, une même politique
Leur société
Congrès du PS : Plusieurs motions, une même politique
Ce sera, paraît-il, leur unique face-à-face de la campagne interne. Laurent Fabius et François Hollande, un mois avant le congrès du Parti socialiste qui se réunira, au Mans, du 18 au 20 novembre, ont fait assaut d'inventivité lors de leur rassemblement parisien à la Mutualité, destiné à présenter aux militants les cinq motions proposées à leurs suffrages.
De l'inventivité, et même une sacrée dose de mauvaise foi, en ce qui concerne Fabius, qui, en 2002, alors qu'il était ministre de l'Économie et des Finances, était prêt à vendre la moitié du capital d'EDF et qui découvre, face à la privatisation entamée par Villepin, les vertus de la "reconquête, nécessairement progressive [...] de la propriété publique" de l'entreprise. Il a par ailleurs promis qu'en cas de retour de son parti au pouvoir, son "premier engagement sera d'abroger les principales lois mises en oeuvre par la droite" et notamment, la loi Fillon sur les retraites.
Tout cela faisait office de réponse au Premier secrétaire, François Hollande, qui avait opté -si l'on en croit les extraits sonores opportunément relevés par les médias- pour un ton ostensiblement offensif. Hollande s'est posé en chef du "parti de la réforme" et non du "parti qui additionne toutes les revendications". Terme peut-être un peu excessif, s'agissant en l'occurrence des propositions des courants Emmanuelli, Peillon et Montebourg! Et de conclure en vitupérant le "premier engagement" de Laurent Fabius: "Abroger! Si le congrès, c'était d'abroger toutes les lois qui ne nous plaisent pas, ce serait tellement simple", au contraire, "on doit faire des propositions d'avenir" et non "promettre ce qu'on ne pourra pas tenir".
La scène était donc la suivante: l'ancien Premier ministre de Mitterrand, Fabius, jouait au chef de la "vraie gauche de gauche". Et le Premier secrétaire du PS, Hollande, jouait à croire que Fabius s'engageait à revenir, une fois élu en 2007, sur la politique antiouvrière et réactionnaire menée depuis 2002 par la droite, et même, pourquoi pas sur les grandes vagues de licenciements et de privatisations menées par tous les gouvernements depuis plus de vingt ans!
Et en effet, au-delà des paroles de congrès, on voit mal comment des hommes politiques qui ont privatisé, de 1997 à 2002, sous le gouvernement Jospin, plus d'un millier de sociétés publiques, poursuivant et accélérant le programme des gouvernements de droite précédents, celui de Balladur et celui de Juppé, pourraient, miraculeusement transformés par quelques années d'opposition parlementaire, s'attaquer au patronat, aux banques et aux riches.
Au-delà des exercices de rhétorique appliquée, étudiée sur les bancs de l'ENA, il n'y a là que jeux de primaires internes au parti socialiste. Quant à la défense des intérêts immédiats de la population, attaquée semaine après semaine par un gouvernement directement aux ordres du Medef, ce n'est bien sûr pas de la victoire de telle ou telle motion au congrès du PS qu'elle dépend.