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Dans les entreprises
SNCM : Petits trafics et grosse prise
Les travailleurs de la SNCM avaient à peine terminé leur grève que certains journalistes s'employaient à les salir. Dans le journal Le Parisien- Aujourd'hui du 17 octobre, un journaliste écrivait: "Le personnel de la compagnie se partageait en toute illégalité une partie importante du produit des ventes réalisées sur les ferrys (tabac, alcool, restauration...). [...] À la SNCM, marins et syndicats se partageaient en toute illégalité une partie importante de l'argent des ventes à bord effectuées entre le continent et la Corse. Certains d'entre eux, paraît-il, n'hésitaient pas non plus à prélever leur dîme sur les stocks de vivres de la compagnie [...]."
Sans s'embarrasser de scrupules ce journaliste présente l'ensemble des marins et des sédentaires, syndicalistes compris, comme des voleurs et il met dans le même sac tout le monde.
Cependant, il n'y a rien de choquant à ce qu'un cuisinier récupère en fin de trajet des produits périssables destinés à être jetés avant le prochain départ. Les navigants ont le droit d'acheter à la cambuse quelques cartouches de cigarettes ou un nombre défini de bouteilles d'alcool détaxé.
Ce sont là des choses bien différentes des méfaits de quelques petits trafiquants mais surtout de vrais truands. Il en existe. De tels individus ont même menacé de mort un commissaire, qui a rang de second capitaine, parce qu'il avait voulu mettre fin à leurs pratiques.
Il n'y a rien à voir entre de tels individus et les marins de l'entreprise. En amalgamant tout, ce journaliste calomnie des centaines de marins et sédentaires qui vivent de leur travail, plutôt mal payé, et, pour les marins, souvent pénible. Il tentait aussi de discréditer la CGT en la prétendant complice, ce que, bien entendu, elle nie catégoriquement, d'autant plus qu'elle s'y est opposée.
Ce qui révèle clairement les intentions de tels journalistes, c'est le témoin à charge qu'a trouvé une journaliste pour une interview sur LCI le 15 octobre: un ancien PDG qui a passé 14 mois à la tête de la compagnie.
Dès son arrivée, pas vraiment soucieux d'économiser les deniers de la SNCM, celui-ci avait éprouvé le besoin de faire entièrement refaire son bureau, pourtant tout neuf, et d'y faire installer toutes les commodités. Outre sa voiture de fonction il avait aussi réclamé qu'on lui fournisse une moto!
Quant à ses conceptions vis-à-vis du personnel, il les avait explicitées en ces termes: "Je vous promets du sang et des larmes". Il reproche surtout à la CGT de s'être opposée à la suppression de 400 postes, et trouve "exorbitant" le choix des salariés de prendre leurs congés en été.
Ces articles veulent discréditer des centaines de travailleurs qui viennent de mener une grève mémorable. Mais ils oublient que l'État lui-même vient de faire don, non pas de deux bouteilles de pastis, mais de l'entreprise entière, personnel compris, avec ses dix navires et ses bâtiments, à deux capitalistes privés. Que ceux-ci, pour une telle acquisition, évaluée au moins à 500 millions d'euros, vont juste verser 35 millions d'Euros, alors que l'État en versera 8,75 au capital, ainsi que 113 millions pour apurer les comptes et qu'il assurera le coût des 400 suppressions d'emplois prévues.
C'est un hold-up d'une tout autre taille, mais légal celui-là.