Saint-Gobain - Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) : Énième restructuration... pour supprimer des emplois21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Saint-Gobain - Sucy-en-Brie (Val-de-Marne) : Énième restructuration... pour supprimer des emplois

À l'usine Saint-Gobain Desjonquères de Sucy-en-Brie, une nouvelle restructuration est en train de se mettre en place. Bien évidemment, il s'agit de réduire encore le nombre de salariés. Sur ce site, qui employait encore récemment plus de 800 personnes, le but avoué est de sortir la même production avec moitié moins de personnel.

À Sucy, il y avait récemment dix lignes de production de flacons en verre, essentiellement destinés à la pharmacie. Chaque ligne est composée d'un "Bout chaud", où est formé puis traité le flacon, et d'un "Bout froid" où il est contrôlé puis conditionné. Nous tournons actuellement avec neuf lignes de production, mais deux de ces lignes sont doubles et produisent deux fois plus de flacons que les autres. Ce qui n'a pas empêché la direction de n'y affecter que le même effectif que sur les autres lignes.

La restructuration actuelle, qui fait suite à de nombreuses autres, supprime encore des postes de travail, à la composition (qui prépare le mélange pour faire le verre), au labo (qui contrôle la qualité et la solidité des flacons) et dans l'encadrement technique (un seul mécano pour trois machines, un seul chef d'équipe pour le Bout chaud et le Bout froid). Ces nouvelles mesures s'ajoutant aux précédentes, il arrive de plus en plus souvent que des salariés soient seuls, sur une partie isolée de la ligne -par exemple dans les "salles propres" censées protéger les flacons de la poussière auprès d'une machine dangereuse. Plusieurs incidents récents sont venus souligner les risques encourus.

Comme nous travaillons en feu continu, avec cinq équipes, pour chaque suppression de poste, c'est cinq collègues qui ne sont pas remplacés à leur départ en retraite, ou tout simplement renvoyés à leur entreprise d'intérim. Il faut dire que SGD use et abuse de l'intérim. Certains collègues travaillent avec nous depuis des mois, voire des années, avec un statut précaire. Sans parler de l'intérim ponctuel, très utilisé aussi: les effectifs étant calculés au plus juste, à chaque absence il faut appeler l'agence d'intérim en urgence, y compris le samedi à 22 heures.

Les progrès techniques sont indéniables. L'automatisation et l'amélioration des contrôles et de l'emballage, l'utilisation de machines plus perfectionnées au soufflage du verre, tout cela devrait permettre d'alléger le travail à l'usine et de diminuer le temps de travail. Tout le monde le souhaite, car travailler en équipe, 24 heures sur 24, dimanche et fériés, à des températures pouvant dépasser 70°, dans un bruit à peine supportable même avec des protections d'oreilles, ce n'est pas humain. Il faudrait par exemple passer progressivement à 6 heures par jour. Mais pour accumuler toujours plus de profit - +14% au premier semestre 2005 au niveau du groupe - Saint-Gobain a choisi plutôt de diminuer de façon importante le nombre de postes de travail.

Des salariés surchargés d'un côté, des intérimaires mis à la porte de l'autre, c'est la logique insupportable des patrons.

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