Régie des Transports de Marseille : Les traminots toujours en lutte contre une semi-privatisation21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Régie des Transports de Marseille : Les traminots toujours en lutte contre une semi-privatisation

Depuis le 4 octobre, les traminots marseillais reconduisent chaque matin la grève qui paralyse presque totalement les transports en commun de la ville. Il y a bien quelques métros le matin et quelques bus rarissimes, mais rien qui puisse remédier aux embouteillages qui bouchent les rues et les autoroutes.

Les traminots s'opposent au partenariat avec le privé

Ils refusent la Délégation de Service Public (DSP) pour huit ans, de la gestion et de l'exploitation de la nouvelle ligne de tramway à un tandem Connex-RTM. La RTM, qui pourrait tout aussi bien assurer tout cela elle-même, a pris la Connex, filiale de Veolia-Environnement, comme partenaire privé pour déposer leur candidature commune mardi 18 septembre à la commission d'appel d'offres.

Ce partenariat à 50% reviendrait cher aux contribuables de la ville et de la région. Ce sont déjà les finances publiques, ville, département, région, État et même Europe, qui paient les travaux en cours de réalisation de cette ligne de tramway qui traversera le centre-ville en doublant en bonne partie une ligne de métro déjà existante; un projet évalué à 800 millions d'euros.

La Connex, d'après le journal La Marseillaise, fournira trois cadres qui percevront leur salaire de la RTM, mais celle-ci devra verser à la Connex 300000 euros par an pour la mise à sa disposition de ces cadres. On peut penser que la RTM, une régie municipale qui gère depuis des dizaines d'années le réseau de bus, métro et tramway de Marseille et de quelques communes limitrophes, est capable de fournir le même travail! La Connex demande aussi 300000 euros par an pour son "assistance technique" et 250000 euros pour "la marge et les aléas".

La Connex et la RTM partageront les risques, explique la direction de la RTM. C'est ainsi que la RTM assumera entièrement l'évolution de la maintenance des installations fixes et du matériel roulant. La RTM et la Connex auront à charge chacune l'évolution des salaires de leurs employés respectifs: trois cadres pour la Connex et 3260 agents de la RTM. La Connex assumerait l'évolution du volume de personnel pour l'exploitation et le contrôle. Elle partagerait avec la RTM les recettes du trafic tramway évaluées à 9,1 millions d'euros. Mais la RTM perdrait de son côté 14,1 millions de voyageurs du métro par an puisque les deux lignes se doublent. Il n'est pas fait mention d'investissement de la part de la Connex.

Tout ce montage constitue bien un généreux cadeau à la Connex. J.-C. Gaudin, maire UMP de Marseille, a commencé par expliquer que ce partenariat était nécessaire pour obtenir une aide de l'Europe mais il a dû renoncer à cet argument car la Banque Européenne d'Investissement a écrit elle-même que c'était conseillé, mais pas obligatoire.

Alors les salariés de la RTM ne voient pas pourquoi il faudrait faire ainsi cadeau de la moitié d'une ligne de tramway toute neuve à la Connex et des résultats de leur travail à ses actionnaires.

Médias et patrons contre les grévistes

La Provence comme FR3-Méditerranée ne se lassent pas de déplorer que la ville soit bloquée, les usagers abandonnés, les entreprises et les commerces handicapés. Des unions de commerçants et d'artisans, sous l'égide de la CCI (Chambre de Commerce et d'Industrie), se sont regroupées pour payer une pleine page de La Provence où ils accusent la grève de les "tuer", et au cri de "Sauvons nos chiffres d'affaires, préservons nos emplois et nos salariés", ils lancent l'appel "Tous ensemble pour construire un service garanti à la RTM!" Ces gens-là aimeraient bien s'opposer au droit de grève des traminots.

Mais la grève continue

Ceux-ci ne se laissent pas impressionner. D'ailleurs les dépôts sont ouverts et si un chauffeur veut sortir un bus il peut le faire. Il n'est gêné que par le regard des grévistes. Mais ceux qui ne participent pas à la grève sont très peu nombreux. Des grévistes sont allés distribuer des tracts dans le métro pour convaincre ceux qui ne sont pas en grève, surtout chez les administratifs, aux ateliers et au métro. Et bien des non-grévistes d'un jour promettent d'être solidaires en cas de journée importante.

Ils étaient nombreux pour manger ensemble une grande paella vendredi 14 octobre. Et les traminots grévistes attendent du monde pour le pique-nique sur le Vieux-Port en face de la mairie, prévu pour jeudi 20.

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