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Leur société
Opération Licorne : Général la bavure
La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie vient de suspendre le général Poncet, qui commandait jusqu'à cet été les 4000 soldats français de l'opération Licorne en Côte-d'Ivoire.
Il lui est reproché de n'avoir pas rendu compte exactement des circonstances ayant entraîné, le 17 mai, la mort d'un chef de bande ivoirien, lors de son interpellation par des militaires français. En fait, le général est soupçonné d'avoir "couvert" les agissements de ses troupes qui auraient abandonné l'homme grièvement blessé ou l'auraient achevé.
On nous dit que la suspension d'un général est une décision rarissime; on veut bien le croire. Les gouvernants n'ont pas pour habitude de reprocher à l'armée de ne pas rendre de comptes exacts sur ses agissements, et plus particulièrement sur les bavures et autres "dommages colatéraux" qu'elle a pu commettre. La guerre d'Algérie en a fourni maints exemples: de Bigeard à Massu, en passant par Aussaresses, les généraux et cadres militaires se sont toujours montrés solidaires de leurs troupes et fiers de couvrir - quand ils ne les avaient pas directement inspirés- les exactions, les tortures, les viols ou les exécutions sommaires commis sur les terrains d'intervention.
Tout cela, Alliot-Marie le savait bien avant d'accéder au ministère des Armées. Alors, s'il faut chercher une explication à son geste, c'est plutôt dans la diplomatie: les relations entre le gouvernement français et le régime ivoirien du président Gbagbo sont assez tendues et la ministre a sans doute voulu, en prenant des sanctions, faire un geste d'apaisement à son égard. Rien à voir donc avec la défense de la morale... d'une armée qui n'en a pas.