Le projet de CDD pour les plus de 57 ans : Encore plus de précarité21/10/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/10/une1942.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le projet de CDD pour les plus de 57 ans : Encore plus de précarité

Un CDD pour les plus de 57 ans, pouvant durer jusqu'à 18 mois et renouvelable une fois: telle est la principale disposition du récent projet d'accord entre patronat et syndicats. Ce projet, auquel la CGT s'oppose aujourd'hui, sera vraisemblablement signé par d'autres confédérations d'ici quelques semaines.

Comme à chaque fois, cette nouvelle atteinte au droit du travail est présentée par le patronat comme une avancée sociale. Il s'agirait, dit-il, de favoriser l'emploi des salariés les plus proches de la retraite afin "de leur permettre d'acquérir par leur activité des droits supplémentaires en vue de la liquidation de leur retraite à taux plein". Nobles âmes, qui sabrent les pensions de retraite, qui licencient à tour de bras les salariés trop âgés à leur goût, et qui font semblant de se pencher sur leur sort!

La réalité des motivations du Medef est moins avouable. Car sous couvert de favoriser l'emploi des "seniors", ce sont ses propres intérêts, et eux seuls, que le patronat a en tête.

Ce projet de CDD serait un nouveau coin enfoncé dans le droit du travail. La durée des CDD était jusque-là limitée à 18 mois: cette mesure, en autorisant leur renouvellement, les porterait de fait à trois ans. Et pour la première fois, ces mêmes CDD seraient justifiés non par la situation de l'entreprise (un "surcroît temporaire d'activité") mais par celle du salarié (son âge). Même si les contraintes n'ont jamais beaucoup gêné les employeurs, qui ne se privent pas de les contourner, leur suppression sera un encouragement à la précarité.

Et selon un procédé désormais bien rôdé, on peut craindre que ces nouvelles dispositions soient généralisées un jour ou l'autre à d'autres catégories de salariés... et ce dès le débat parlementaire sur le futur "plan seniors" prévu l'année prochaine à l'Assemblée nationale.

Certains des syndicats qui s'apprêtent à signer l'accord, au premier rang desquels on retrouve -c'est devenu une habitude- la CFDT, ont fait état des "reculs" que leur fermeté lors des négociations aurait permis d'imposer aux exigences initiales du patronat. Au départ, le Medef réclamait la suppression des primes d'ancienneté, la non-prise en compte de ces CDD dans les effectifs et surtout, la remise en cause de la dispense de recherche d'emploi dont bénéficient les salariés de plus de 57 ans. Mais en réalité, ces prétendus reculs ont-ils été autre chose qu'une partie de poker menteur, où le patronat a fait mine de rabattre (provisoirement?) certaines de ses prétentions afin que les syndicats puissent se glorifier des reculs de leur "partenaire social", permettant d'avaliser l'essentiel du projet?

Si cet accord est approuvé, le patronat y aura gagné un pas vers la levée des restrictions existant encore dans le recours aux CDD au lieu des CDI... qui plus est, avec la bénédiction de certaines confédérations. Nul ne sait combien de salariés âgés de plus de 57 ans seront effectivement embauchés avec ce CDD. D'ailleurs cela ne dépend nullement de cette nouvelle mesure, mais de la seule volonté des patrons et de leurs besoins. Il est à parier que les salariés disposant d'une compétence et d'un savoir-faire nécessaires pour la production auront plus de "chance" d'en bénéficier... le temps nécessaire au patron. Par contre, les travailleurs en production, eux, n'auront guère cette "chance"-là. Ce qui est par contre certain, c'est qu'il n'y aura au bout du compte pas un chômeur de moins.

Suite au protocole d'accord, Villepin s'est réjoui de ce qu'il a appelé "une véritable rupture avec les logiques du passé". Un signe de plus, si c'était nécessaire, que les travailleurs n'ont, quant à eux, aucune raison d'en être satisfaits.

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