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- Lutte ouvrière n°1940
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Dans les entreprises
Raffinerie Total de Normandie – Gonfreville-l’Orcher : En grève pour 200 euros
Au secteur Transferts, mélanges et expéditions (Tmex) de la raffinerie Total, qui emploie 1600 salariés, nous sommes 70, à gérer et contrôler les expéditions de carburant vers les entreprises clientes. Insatisfaits depuis longtemps des réajustements de salaire opérés par la direction et de salaires inférieurs à la moyenne de l'usine, nous avons commencé la grève mardi 20 septembre en réclamant 200 euros de plus pour chacun, ainsi qu'une revalorisation des qualifications et une amélioration de la sécurité.
Au début, la direction nous a astreints à rester à notre poste, ce qui est imposé pour des raisons de sécurité. Mais comme nous n'effectuons aucune opération, pas une goutte d'essence ou de gazole ne sort alors de la raffinerie, si bien que la direction a dû stopper toutes les unités. Les torchères, où les hydrocarbures brûlent d'habitude avant d'être rejetés dans l'air sont toutes éteintes. Peu à peu, les entreprises de pétrochimie avoisinantes ne reçoivent plus de matières premières, et tournent au ralenti. La direction a été obligée d'admettre qu'elle perd entre 1 et 2 millions d'euros par jour.
Au bout d'une semaine, elle a décidé de «sortir» la moitié d'entre nous, donc de faire assurer le contrôle par un agent sur deux. Puisque nous sommes dehors, nous nous installons dehors: nous avons monté une tente devant l'entrée pour nous retrouver, et organisé un barbecue vendredi 30 septembre.
La direction juge «irrecevable» notre revendication de 200 euros pour tous et prétend dans la presse que nos salaires sont de 30000 à 42000 euros brut annuels, ce qui lui semble, d'après ses termes, «correct sur la place du Havre». C'est de la désinformation, car les chiffres qu'elle donne incluent primes, intéressement et un maximum d'ancienneté. Ce n'est pas très original comme manoeuvre, et elle ne trompe pas grand monde. Il n'y a pas beaucoup de travailleurs «sur la place du Havre» qui sont contre les augmentations de salaire! Total a largement les moyens de payer avec ses milliards de profits, mais elle craint la contagion.
Alors pour l'instant la grève continue.