- Accueil
- Lutte ouvrière n°1940
- Le 4 octobre a été un succès. Il faut continuer
Editorial
Le 4 octobre a été un succès. Il faut continuer
La journée du 4 octobre a été un succès. La participation aux manifestations a été importante, autant dans de nombreuses villes de province qu'à Paris, où, aux côtés des travailleurs de la SNCF, des transports en commun, des communaux, des postiers et de bien d'autres du service public, nombreux étaient les travailleurs du privé, et pas seulement ceux des entreprises menacées de plans de licenciements. C'est un encouragement pour tous les travailleurs.
Mais cela ne peut pas s'arrêter là. Une journée d'action n'inquiétera le gouvernement et surtout le grand patronat que s'ils ont des raisons de redouter que cela ne s'arrête pas là et que la classe ouvrière utilise à l'avenir sa force face à l'offensive du patronat et du gouvernement.
On ne peut plus compter les coups qui sont portés aux travailleurs, et par le patronat, et par le gouvernement. Les grandes entreprises, même celles qui croulent sous les milliards, licencient, bloquent les salaires et n'embauchent pratiquement plus qu'en intérim ou en contrats précaires. Le gouvernement leur facilite la tâche en supprimant le peu qui, dans la loi, protège encore les travailleurs. Il y ajoute ses propres mesures visant à réserver le maximum de son budget au grand patronat et aux bourgeois en tant qu'individus en faisant des économies sur les chômeurs, sur les assurés sociaux, sur les retraites, c'est-à-dire sur le monde du travail.
Et cela dure comme cela depuis des années. Les gouvernements passent, leur étiquette change, mais les coups contre les travailleurs continuent.
Alors, il faut que les travailleurs réagissent. Ceux de la SNCM ont réagi au projet de brader leur entreprise pour un dixième de sa valeur à un fonds spéculatif, avec des centaines de licenciements à la clé. Avec le soutien des travailleurs des ports de Marseille et de Corse, ils ont montré qu'ils n'ont nullement l'intention de se laisser égorger en silence. Ils ont obligé le gouvernement à reculer en relâchant les marins emprisonnés et en promettant que l'État garde un quart du capital de la SNCM. Les travailleurs de la SNCM continuent et ils ont raison de continuer tant que l'État n'abandonnera pas son projet de privatisation et surtout tant que la menace des licenciements pèsera sur plusieurs centaines de travailleurs de cette entreprise.
Nous défendre nous-mêmes, voilà la seule voie. C'est vital car, si on ne les arrête pas, le patronat et le gouvernement continueront. Ils n'ont pas confiance en leur propre économie. Ils savent que ce n'est pas la peine d'investir si le marché n'est pas prometteur. Ils préfèrent gagner toujours plus d'argent en dépensant moins en investissements ou en recherches, mais en exploitant toujours plus les travailleurs. Leurs profits actuels, proprement extravagants malgré la marche poussive de l'économie, sont réalisés sur notre dos. Ce sont les profits dégagés dans les entreprises par l'exploitation des travailleurs qui font marcher tout le reste: toutes leurs bonnes affaires, toutes leurs spéculations, tout ce qui fait que tant de bourgeois, grands, moyens et même petits, ont de l'argent à ne pas savoir qu'en faire tandis que le monde du travail est poussé vers la misère. Alors, si cela ne dépend que d'eux, ils continueront.
Et à cette volonté patronale de faire du profit coûte que coûte et d'accroître coûte que coûte les dividendes des actionnaires, il n'y a qu'une façon de s'opposer: c'est de menacer les patrons dans leurs profits, là où ils sont sensibles.
Il n'y a pas d'autre espoir pour nous que cela. Ceux qui nous chantent déjà les élections de 2007 cherchent à nous tromper. Au train où vont les choses, combien de mesures antiouvrières supplémentaires d'ici 2007? Et qu'est-ce qui nous garantit que cela s'arrêtera à cette date? Si c'est Sarkozy qui est élu, cet homme qui ressemble de plus en plus à Le Pen, la réponse est évidente. Mais même si c'est un notable du Parti Socialiste, un quelconque Fabius, quel travailleur pourrait croire qu'il nous défendra face au grand patronat?
La participation aux manifestations et aux grèves du 4 octobre a été comparable à celle du 10 mars. Cela montre que, malgré les coups portés depuis aux travailleurs, leur détermination n'a pas faibli. Les directions syndicales ont cependant attendu presque sept mois pour donner une suite au 10 mars.
Eh bien, il faut une suite au 4 octobre, pas dans des mois, mais à brève échéance. Il faut que ceux des travailleurs qui sont encore hésitants se rendent compte de la force que le monde du travail représente et aient l'occasion de rejoindre les plus déterminés. Il faut battre le fer tant qu'il est chaud et continuer la mobilisation jusqu'à ce que la classe ouvrière dans son ensemble soit prête à se mobiliser et engage la lutte jusqu'à satisfaction de ses objectifs vitaux: l'augmentation générale des salaires, l'arrêt de la précarisation du travail, l'interdiction des licenciements collectifs et l'annulation de toutes les mesures réactionnaires prises par le gouvernement.