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Israël-Palestine : Sharon reprend le chemin de la guerre
Deux semaines à peine après le départ des derniers colons et de l'armée du territoire de Gaza prétendument "libéré", l'armée israélienne a repris ses offensives violentes contre la population palestinienne.
À la suite d'une explosion meurtrière à Gaza lors d'une parade militaire du Hamas, dont l'origine semble être accidentelle, selon l'Autorité palestinienne, mais qui pourrait tout aussi bien être le résultat d'une action israélienne, dix-neuf Palestiniens ont trouvé la mort. En guise de représailles, des tirs de roquettes artisanales ont atteint la localité israélienne de Sdérot, à partir du village palestinien frontalier, faisant six blessés. La riposte de l'armée israélienne a été d'envergure. Le gouvernement d'Ariel Sharon en a profité pour déployer des batteries d'artillerie lourde face au territoire de Gaza et pour organiser des raids aériens "ciblés" et des tirs d'obus qui ont provoqué la mort de quatre responsables du Hamas et du Djihad islamique, causé plus d'une vingtaine de blessés parmi les civils, détruit des immeubles, dont une école, et terrorisé la population dans les quartiers surpeuplés et les champs maraîchers.
"Nous n'avons pas l'intention de mener une opération ponctuelle. Il s'agit d'une opération continue dont l'objectif est de frapper les terroristes par tous les moyens", affirmait Sharon au cours de ces opérations. Comme une illustration de ce propos il organisait l'arrestation, en Cisjordanie, de plusieurs centaines de Palestiniens, dont une majorité étaient supposés être des militants politiques, pour la plupart candidats du Hamas aux élections municipales, imminentes dans les Territoires.
Quels que soient les prétextes invoqués par le gouvernement israélien, la situation du million et demi de Palestiniens entassés dans la bande de Gaza ne peut que maintenir ce territoire en une poudrière permanente, même après la première phase du simulacre de "processus de paix" que mène Sharon en accord avec Bush, l'ONU, et l'Union européenne. En l'absence de perspective d'un État palestinien viable, il n'y a rien d'étonnant d'ailleurs à ce que se renforce l'influence sur toute une partie de la population des territoires occupés, en particulier sur la jeunesse, des groupes islamistes qui se présentent comme radicaux et occupent le terrain laissé libre par une Autorité palestinienne impuissante et déconsidérée.
Le gouvernement israélien poursuit par ailleurs sans trêve sa politique d'implantations de colons en Cisjordanie. De même, il poursuit sans l'ombre d'un infléchissement la construction du mur "de l'apartheid" qui encercle les zones habitées par les Palestiniens et vise à réduire l'existence physique d'un État palestinien à une succession de "réserves" autonomes sans poids, sans rôle et sans pouvoir.
Cette récente flambée de violences est peut-être même à relier au vote au sein du Likoud, le parti du Premier ministre. Celui-ci a pu jouer à l'homme fort, n'hésitant pas à frapper durement les Palestiniens, au moment même où, l'espace de quelques jours, le comité central de son parti était réuni pour décider d'avancer ou non la date des primaires destinées à désigner sa tête de liste aux prochaines élections législatives, prévues en novembre 2006. Sharon a de peu sauvé sa position, puisque, sur les trois mille membres du comité dirigeant, moins de 52% l'ont suivi. De toute évidence, son rival Nétanyahou, qui a joué la carte de l'opposition au retrait des colons de Gaza en s'appuyant sur les extrémistes de droite et les ultra-religieux, a lui aussi de larges appuis dans les milieux réactionnaires qui sont représentés par les dirigeants du parti au pouvoir.
Même s'il a présidé au retrait de Gaza, Sharon n'a rien d'un homme de paix et sa concurrence avec Nétanyahou est à qui se montrera le plus dur face aux Palestiniens. Ainsi, dans le processus engagé, dans les positions des forces politiques en présence dans le pays, et dans l'attitude hypocrite de l'impérialisme, tous les éléments sont réunis pour que se poursuive le conflit dont est victime, en premier lieu, la population palestinienne. Quant à la population israélienne, si elle continue d'aspirer en majorité à un règlement de paix, elle ne peut l'attendre ni de Sharon ni de Nétanyahou, mais pas non plus des dirigeants travaillistes qui n'ont jamais mené une politique fondamentalement différente de celle de la droite.