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Dans le monde
Île de la Réunion : Les propos nauséabonds de la xénophobie
Depuis que Baroin, le ministre de l'Outre-mer a évoqué dans une récente interview une possible remise en cause du "droit du sol", prétendument pour lutter contre l'immigration clandestine dans certaines collectivités d'outre-mer, l'émoi a été grandissant dans l'île de Mayotte, un territoire français de l'océan Indien, d'ailleurs citée par le ministre. Et ce d'autant que par la porte entrouverte se sont engouffrés bien des propos nauséabonds et des idées qui ne le sont pas moins.
À Mayotte, les propos xénophobes de Baroin, relayés par le député UMP de l'île, ont provoqué des réactions, dont une manifestation qui s'est déroulée dimanche 25 septembre. Quatre cents personnes en situation irrégulière, originaires de l'île voisine des Comores, ont exprimé leur ras-le-bol. Un représentant des Comoriens a affirmé: "Là-bas, aux Comores, c'est la misère. Là, on nous exploite comme des bêtes." Et pour souligner combien leur situation était difficile, il n'a pas hésité à affirmer: "Maintenant on va nous demander de partir, nous sommes prêts. Que l'on nous donne un bateau." Seulement, les deux bateaux qui faisaient la liaison entre les Comores et Mayotte sont interdits de navigation dans les eaux territoriales françaises, sans doute de peur qu'ils convoient de nouveaux immigrants comoriens.
D'autres manifestations sont prévues. Il n'est pas si fréquent de voir des immigrés crier ainsi leur désarroi et leur colère. Il y a un an, dans l'est de l'île de Mayotte, des manifestants avaient bloqué des routes pendant plusieurs jours mais c'était pour... s'opposer à la scolarisation d'enfants d'immigrés. En octobre 2003, le maire d'une commune, toujours dans l'est de île, avait ordonné l'expulsion et l'incendie d'un village occupé par une grande majorité d'immigrés.
À la Réunion, Ibrahim Dindar, élu de la ville de Saint-Denis et vice-président du Conseil général, a fait encore plus fort que Baroin en proposant que soit mis en place un test ADN pour "lutter contre la fraude à la paternité" à Mayotte. La mesure viserait des femmes comoriennes venant accoucher à Mayotte où elles feraient reconnaître leur enfant par des habitants de l'île, des Français donc, qui n'auraient rien à voir avec le père biologique. De cette façon pourrait être garanti pour l'enfant et pour la mère le droit de vivre sur un territoire français.
De tels propos, tenus à la Réunion, ne visent évidemment pas les quelques cas rapportés par Dindar, et qui sont somme toute assez rares, mais bien plutôt tous ceux originaires de Mayotte ou des Comores. Dindar l'avoue lui-même lorsqu'il affirme: "Ils viennent ensuite à la Réunion et créent la situation que l'on connaît dans certains domaines."
Et voilà un bouc émissaire montré du doigt. Si la situation du logement par exemple est scandaleuse à la Réunion, ce serait la faute de ceux en provenance de Mayotte, et que la très grande majorité d'entre eux soient français importe peu à Dindar. Si la situation de l'emploi est désastreuse, ce serait encore la faute aux Mahorais, aux Comoriens ou bien encore aux Malgaches. Exit les responsabilités de l'État et des diverses autres administrations qui imposent des budgets les plus bas possibles; exit les responsabilités des patrons licencieurs... la faute, toutes les fautes incombent aux plus pauvres, qui n'ont que le tort de vouloir survivre.
Mardi 27 septembre, des Comoriens vivant à la Réunion ont organisé une manifestation au Conseil général pour y rencontrer Dindar. Fortement chahuté il a présenté des excuses, sans pour autant revenir sur ses déclarations.