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Usine chimique de Pont-de-Claix (agglomération grenobloise) : Explosion à l'atelier Chlore
À l'usine chimique de Pont-de-Claix, en banlieue sud de Grenoble, le lundi 5 septembre peu après 18 heures, une cellule d'électrolyse, élément de base dans le procédé de fabrication du chlore, explosait.
Le chapeau de la cellule -près de 200 kg- était projeté, ainsi que les serre-joints qui le maintenaient, l'un d'eux se plantant dans le toit en Fibrociment du bâtiment.
Les deux surveillants de salle, s'étant rendu compte du mauvais fonctionnement de l'appareil, étaient au moment de l'explosion en train de tenter de colmater une fuite en injectant de la bouillie. Ils ont été aspergés par l'électrolyte composée de soude et de chlore, pris en charge immédiatement par leurs camarades, abondamment lavés et conduits à l'infirmerie. Ils s'en sortent avec quelques brûlures légères, mais très choqués car ils auraient pu y laisser leur peau. L'un d'eux, intérimaire, a déjà dit qu'il ne remettrait plus les pieds dans cet atelier. Car effectivement, c'est tous les jours que ces travailleurs risquent leur vie.
L'explosion ayant entraîné l'arrêt d'une des deux salles d'électrolyse, la première préoccupation du chef de service a été de donner l'ordre de pousser la production de la salle qui restait en service. Quant au prétendu spécialiste de l'électrolyse qui chapeautait le tout, lui, voulait tout simplement redémarrer la salle où avait eu lieu l'accident!
Les travailleurs présents et l'équipe de relève, choqués par cette attitude, exercèrent leur droit de retrait et alertèrent le comité d'hygiène et sécurité. La direction voulait étouffer l'affaire, mais elle en fut pour ses frais, et elle a dû rendre des comptes auprès des inspecteurs de la Drire (Direction régionale de l'industrie, de la recherche et de l'environnement). Sous la pression des travailleurs et du CHSCT, l'atelier a été maintenu à l'arrêt. Mais les mesures qui ont été décidées -remplacement des quelques cellules présentant des défauts graves- ne suffiront pas à écarter tout danger.
Depuis 1997, date de la création de la société Chloralp, les effectifs ont été diminués de moitié à production constante. Les techniciens d'entretien et les responsables des travaux, qui étaient là depuis de nombreuses années et avaient acquis une très grande qualification, sont partis sans être remplacés. Les responsables qui les chapeautaient ont repris leurs fonctions, mais sans en avoir toutes les compétences. Compétences d'autant plus indispensables que les installations sont vieilles et peu sûres. La corrosion des installations est telle que l'on ne compte plus les interventions sur des compresseurs, et des tuyaux doivent être remplacés sans cesse parce qu'ils percent. Cette corrosion est due au fait que les sécheurs d'air ne sont pas assez entretenus.
Ainsi, le 12 mai dernier, une importante explosion avait détruit une partie du chloroduc acheminant le chlore de l'atelier de Pont-de-Claix à l'usine Polimeri Europa (qui fabrique du caoutchouc synthétique) située à 3 km au sud. L'explosion, qui a eu lieu en plein air et en phase d'arrêt, n'a heureusement pas eu de conséquence grave autre que l'arrêt de Polimeri durant trois mois. Une des raisons de l'explosion: l'entrée d'humidité lors de la production du chlore.
D'autre part, à la mi-août, le directeur de Chloralp a même fait appel à un contremaître qui avait quitté l'atelier depuis quinze ans pour qu'il trouve pourquoi une partie de l'atelier, qui avait été arrêté, n'arrivait pas à redémarrer. Il faut croire que l'encadrement de cet atelier n'y arrivait pas.
Avec le nouveau plan d'économies, ce sera encore moins d'entretien, encore moins de personnel et toujours plus de risques dans cette usine classée Seveso 2, tant pour le personnel que pour la population qui habite autour. Et c'est carrément criminel!