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Dans le monde
États-Unis : L'aumône pour les survivants de l'ouragan Katrina
On trouvera, ci-dessous, le point de vue des militants nord-américains qui animent le bimensuel trotskyste The Spark du 13 septembre dernier sur la catastrophe qui a ravagé La Nouvelle-Orléans.
" Un million et demi de personnes ont été transformées en réfugiés par Katrina - ou plus exactement par les actions du gouvernement qui ont transformé un cataclysme naturel en une énorme catastrophe humaine.
Un million et demi de personnes laissées sans maison, sans travail, sans école pour leurs enfants, sans hôpital ou sans clinique. Un million et demi de personnes séparées de leurs familles, de leurs voisins, de chacune des choses qui les avaient faits ce qu'ils sont.
C'est le plus grand déracinement de population aux États-Unis depuis la guerre de Sécession, quand la marche des troupes du général Sherman, parties d'Atlanta pour se rendre à la mer, détruisit la vie économique du Sud. Ce qui s'en rapprocherait le plus ce sont les transformations de zones entières en désert dans les années trente, quand des centaines de milliers de fermiers furent jetés aux quatre vents par des périodes de sécheresse et le manque d'attention du gouvernement sur cette catastrophe qui prenait de l'ampleur.
Face à ce désastre moderne, que propose Bush? "Versez de l'argent à l'oeuvre charitable de votre choix !" Une aumône? Ce n'est rien d'autre qu'un méchant tour de passe-passe.
Les survivants de la Louisiane, du Mississippi et de l'Alabama n'ont pas besoin de charité. Ils n'ont pas besoin d'une allocation en argent ou d'un don en nature, qui peuvent être supprimés quand la main qui les distribue le décide. Ils ont besoin d'un emploi, d'un moyen de reconstruire leur maison -et d'un moyen de réétablir les relations humaines qui constituaient auparavant les bases de leur existence.
Quelle meilleure façon pour eux de pouvoir le faire que de reconstruire ce qui a été détruit? Il y a tout un monde qui attend d'être remis sur pied, qui part de La Nouvelle-Orléans, et suit les côtes de la Louisiane et du Mississippi jusqu'à l'Alabama. Il y a des maisons entières à remettre sur leurs fondations, ou à réparer ou encore à reconstruire. Il y a des hôpitaux, des écoles, des routes, des ponts, des adductions d'eau, des transports publics, des réseaux électriques, tout cela a besoin d'être construit ou remis en état.
Ceux que le gouvernement vient de transformer en réfugiés pourraient faire ce travail. Pourquoi pas? Ils ont vécu là toute leur vie. Qui pourrait le faire mieux qu'eux-mêmes?
Ils peuvent être ceux qui organisent de nouvelles écoles temporaires, des hôpitaux, des cliniques. Pourquoi pas? Ils sont ceux qui le faisaient auparavant -ils sont ceux qui, en pratique, sont restés dans les hôpitaux auprès des patients quand les responsables ont déserté sans en organiser l'évacuation.
Ils peuvent travailler avec les scientifiques, dont ce gouvernement ne tient aucun compte, pour remettre en place les barrières naturelles que sont les îles, pour restaurer les marais, et remettre en état les marécages -tout ce qui permet ensuite d'avoir quelques protections face aux ouragans.
Ils peuvent travailler avec les ingénieurs que le gouvernement repousse afin de reconstruire les digues à la largeur et la hauteur nécessaires, et pour modifier les voies empruntées par les bateaux, etc. Il y a plein de travail à faire -et plein d'argent pour pouvoir le faire.
Avant même que Katrina ait poussé son dernier souffle, le gouvernement s'est précipité pour donner de nouvelles subventions, et des contrats sans appels d'offre à quelques-unes des plus grandes entreprises du pays -parmi lesquelles Bechtel et Halliburton- afin de reconstruire les bases militaires et les installations pétrolières.
Pourquoi Bechtel, Halliburton et des centaines d'autres entreprises -déjà largement alignées devant la mangeoire gouvernementale- devraient-elles tirer profit de ce désastre? Chaque sou de cet argent devrait servir à donner du travail et des logements à tous ceux qui veulent revenir vivre à La Nouvelle-Orléans, à Lafayette, à Biloxi, à Gulfport et toutes les localités entre ces villes.
Les appels de Bush à la charité, aux dons, ou à organiser des concerts de soutien ne sont rien d'autre qu'une tentative évidente de détourner nos sentiments de solidarité humaine loin du type de combat qu'il faudrait livrer pour forcer le gouvernement à donner aux survivants ce dont ils ont besoin.
Donner de l'argent ? Il faut soutenir les luttes des survivants. Il faut s'y joindre. "