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Leur société
De Robien, ministre de l'enseignement...privé?
Le ministre de l'Éducation nationale, Gilles de Robien, a déclaré sur les ondes très cléricales de Radio Notre-Dame: "Je crois vraiment qu'il faut donner -et je crois qu'on n'est pas encore parfait à ce niveau-là- aux enseignements privé et public une égalité de moyens, de façon à ce que le choix s'exerce dans la plus pleine neutralité des consciences." L'avant-veille il avait visité à Cholet un collège privé.
Voulait-il seulement caresser dans le sens du poil tous ceux qui ronronnent quand ils entendent que l'école privée est "une liberté de plus offerte"? Avait-il vraiment l'intention de donner au privé des moyens supplémentaires, ce qu'il a nié ensuite?
En tout cas, ses propos ont déclenché un beau tollé chez les syndicats d'enseignants et les parents d'élèves de l'école publique. Et il est bien vrai qu'il y a de quoi être choqué par ces propos du ministre, au moment même où il supprime 5500 postes d'enseignants dans le second degré.
C'est d'ailleurs une des causes des revendications de l'enseignement privé, catholique dans l'énorme majorité des cas. L'égalité de traitement entre enseignement public et privé fait que les suppressions de postes dans le public en entraînent automatiquement d'autres dans le privé sous contrat: 532 cette année.
Les établissements privés doivent faire face, dit-on, à un afflux de demandes d'inscriptions. Soit. Mais, contrairement aux écoles, collèges et lycées publics, qui ont pour mission d'accepter tous les enfants, de toutes origines, de tous les milieux et quelle que soit leur religion, les écoles privées ont le droit de sélectionner et de refuser les élèves. Elles accueillent 2 des 12 millions d'élèves du primaire et du secondaire. Et la dégradation des conditions d'accueil dans l'enseignement public, due à la restriction des moyens, leur fournit un public.
L'État forme et paie les enseignants du privé et assume les frais de fonctionnement de presque tout le secteur privé du secondaire, tout en se refusant à contrôler autre chose que la qualification pédagogique des enseignants. La seule chose que l'État et les collectivités publiques ne paient pas, encore qu'il faille compter avec la prise en charge de nombreuses collectivités locales, ce sont les investissements du privé.
Eh bien, puisque les fonds publics paient à peu près tout, il faut que l'enseignement soit tout entier public et laïque. Mais surtout il faut que l'État donne aux établissements publics tous les moyens matériels et humains d'un enseignement de qualité. Cela irait dans le sens d'une meilleure égalité des chances et assurerait une formation bien meilleure que celle dispensée sous la tutelle de l'Eglise qui, quoi qu'elle en dise, n'est pas "libre" à l'égard des idées et des connaissances du monde, des recherches et de la compréhension de la société.