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- Lutte ouvrière n°1936
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Saint-Gobain Verreries d’Aniche (59) : Beaucoup de risques pour beaucoup de profits
Le 31 août, une cinquantaine de pompiers ont tenté de refroidir un four aux Verreries d'Aniche avec les lances à incendie, pendant que des travailleurs de l'usine colmataient une fuite de verre en fusion.
L'intervention des pompiers a duré 24 heures, et elle a été difficile: le four à verre, on appelle cela un «float», était en «veille chaude» depuis deux mois. Il n'y avait pas de production, mais les 2500 tonnes de verre qu'il contient étaient maintenues à 1350° C. Si la température baissait trop, le verre se solidifierait et le float serait perdu, il faudrait le détruire. D'où la nécessité de le maintenir en veille pendant les travaux de maintenance. Mais justement, ces travaux de maintenance étaient bien tardifs et c'est sans doute ce qui explique la fuite.
Les pompiers qui arrosaient le four travaillaient dans un local à 70°C au pied du float, et évidemment les malaises étaient nombreux. Ils devaient se relayer toutes les dix minutes et se réfugier dans une salle climatisée avec une assistance médicale.
Après vingt-quatre heures d'efforts, la fuite était colmatée. C'est «un dénouement heureux», dit la direction de l'usine. Et effectivement, elle s'en sort bien car une fuite plus importante ou une surchauffe du four auraient pu avoir des conséquences extrêmement graves. C'est pourquoi la maintenance des floats doit être assurée avec rigueur. C'est même parfois une reconstruction qui est nécessaire. Il faut six mois pour construire un four, le faire monter en température, et démarrer la production.
Le four concerné devait être reconstruit en 2004, mais la direction a repoussé l'opération à 2007, puis à 2010. En réalité, elle a prolongé l'activité de ce float au-delà du raisonnable, parce que Saint-Gobain attendait que des fours en construction en Pologne et en Inde soient opérationnels. Saint-Gobain a donc continué d'engranger les profits en faisant prendre des risques au personnel d'Aniche. On est passé juste à côté d'un accident grave, uniquement parce que les actionnaires voulaient continuer de se remplir les poches