Alors que les événements de ces dernières semaines ont mis l'accent sur le manque tragique de logements accessibles aux plus modestes, Villepin a annoncé quelques mesures sans rapport avec la gravité de la situation.

Il s'agit pour l'essentiel de l'engagement de construire 30000 logements supplémentaires en Île-de-France, et de l'élargissement des conditions pour prétendre au prêt à «taux zéro» pour l'achat d'une résidence principale.

30000 logements supplémentaires en Île-de-France, plus précisément 20000, puisque les 10000 autres concernent des logements d'urgence ou en «résidence sociale», dont on peut craindre qu'ils ne soient pas de véritables logements. Mais il n'est pas précisé s'il s'agit de logements HLM ou de logements destinés au secteur privé. Et sans que les délais de construction soient précisés, c'est dérisoire. Rien qui puisse signifier un développement de la construction de logements, encore moins de logements accessibles aux moins riches.

Environ 40000 nouveaux logements, toutes catégories confondues, sont construits chaque année en Île-de-France, le dixième de ce qui serait nécessaire pour loger ne serait-ce que les 330000 demandeurs de logements HLM qui sont actuellement recensés dans cette région!

Quant à l'extension du prêt à taux zéro dans les zones urbaines aux ménages gagnant entre 4000 et 7000 euros par mois, cela facilitera peut-être pour quelques dizaines de milliers de ménages considérés comme faisant partie des classes moyennes l'acquisition d'un logement dans les grandes villes du pays, mais ne réglera en rien les difficultés à se loger de ceux qui ne disposent pas de tels revenus. Cela ne mettra pas fin à la spéculation qui rend de plus en plus onéreuse pour tous l'acquisition d'un logement en ville, le gain obtenu par le taux zéro de l'emprunt ne compensant pas la hausse du prix des logements.

Après les incendies meurtriers du mois d'août, Chirac avait prononcé des paroles aux accents énergiques, invitant son gouvernement à des «mesures fortes» et à «un coup d'accélérateur». Les propos forts de Chirac sont traduits par les mesurettes de Villepin.