Le commissariat de Saint-Denis a besoin d’un «coup de karcher»08/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1936.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le commissariat de Saint-Denis a besoin d’un «coup de karcher»

Une fois n'est pas coutume, ce n'est pas le lampiste mais le commissaire de Saint-Denis qui a été sanctionné, en étant relevé de ses fonctions. Auparavant il avait été placé en garde à vue par l'Inspection Générale des Polices (l'IGS) puis libéré vendredi 2 septembre.

L'IGS l'accuse d'avoir ignoré pendant des années certains dysfonctionnements dans son commissariat. En clair, on lui reproche d'avoir fermé les yeux sur les agissements crapuleux de plusieurs policiers, dont six avaient été accusés de viols, de proxénétisme et de trafic de stupéfiants.

Quelque temps après, cinq autres policiers, à l'été 2003, furent accusés d'avoir profité de leurs fonctions pour obtenir «des faveurs sexuelles». Mais le bouquet a été atteint la semaine dernière lorsque trois policiers ont été suspendus pour avoir tiré des coups de feu dans un camp de Roms, après avoir bien arrosé leur soirée.

L'ancien commissaire plaide l'ignorance mais c'est peu vraisemblable, tant les faits se sont multipliés. Nombre d'habitants de Saint-Denis peuvent en témoigner.

La justice se montre beaucoup moins prompte à juger d'autres plaintes tout aussi graves à l'égard de ce commissariat. Depuis le 17 octobre 2001, jour où la police était intervenue violemment contre des citoyens sur la place du Caquet, l'Association contre les violences policières qui s'est créée à la suite de ces événements en a dénombré environ 21 et plusieurs mises en examen. Tout cela, le commissaire n'a pas pu l'ignorer. Comme il n'a pu ignorer la dernière manifestation en juin dernier sous ses fenêtres, qui réclamait la libération d'un soutien de sans-papiers, arbitrairement arrêté et roué de coups par ses services. Ce même commissaire, décidément bien aveugle lorsqu'il s'agit de ses propres policiers, avait alors prétendu qu'il n'était pas dans les lieux.

Ces faits montrent à quel point il serait nécessaire que la population contrôle les forces de police et puisse demander des comptes à ces dernières. Cette police de Saint-Denis est d'ailleurs à l'image de ce qu'est la fonction publique dans ce département. Elle est surtout composée de stagiaires et de policiers dont la moitié ont moins de cinq ans d'affectation... et qui peuvent ainsi être facilement sous la coupe de gradés plus anciens, dont certainement leur commissaire.

Sarkozy, cette fois peu prompt à s'agiter devant la caméra, menaçant d'utiliser le «karcher» contre la jeunesse du 93, devrait commencer le «nettoyage» par sa propre police.

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