Etats-Unis : Les autorités ont décidéde faire courir le risque à la population08/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1936.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Les autorités ont décidéde faire courir le risque à la population

Le bilan des victimes du cyclone Katrina est encore loin d'être connu, mais certains évoquent des milliers, voire une dizaine de milliers de victimes, englouties par la montée des eaux dans la ville suite à la rupture de certaines digues. Et pourtant les autorités, comme les techniciens, savaient que les protections de la ville n'étaient conçues que pour résister à un cyclone de niveau trois, alors que Katrina a atteint le niveau quatre (sur cinq existants).

Une bonne partie de La Nouvelle-Orléans -un tiers de sa population- habite à quelque deux mètres en dessous du niveau de la mer et il a fallu construire 560 kilomètres de digues contre l'eau du Mississipi et contre les eaux du lac Pontchartrain, digues construites et surélevées au rythme des cyclones qui ont déjà provoqué des inondations meurtrières. L'une des digues, de six mètres de haut, a d'ailleurs résisté à Katrina, mais c'est une digue de trois mètres de haut qui a cédé, entraînant l'inondation de 80% de la ville.

Les cyclones sont fréquents dans cette région et les scientifiques prévoient une fréquence plus grande de cyclones violents. Mais jamais les pouvoirs publics n'ont consacré les sommes nécessaires au renforcement des protections de la ville, malgré les demandes réitérées des experts et des ingénieurs du génie.

Depuis 2001, ces derniers réclamaient à nouveau 500 millions de dollars pour renforcer les digues et environ 100 millions pour renouveler les pompes pour l'évacuation des eaux. Bush et le Congrès en ont débloqué moins de la moitié. Les sommes allouées ont été de plus en plus réduites, pour cause de financement de la lutte antiterroriste et de la guerre en Irak! Elles ont encore été diminuées de moitié cette année.

Pourtant en 2002 un journal local avait fait le point, dans un dossier solidement étoffé, sur les dangers encourus par La Nouvelle-Orléans en cas de cyclone très violent qui «obligerait des dizaines de milliers de personnes à se réfugier sur les toits et à attendre les secours pendant des jours. Elles seraient confrontées à la soif, la faim...» Il faisait état de milliers de morts, apparaissant une fois les eaux retirées. Le scénario du désastre avait été décrit, les experts avaient tiré les sonnettes d'alarme, la catastrophe était annoncée dans toute son horreur. Mais malgré cela, pour des raisons d'économies budgétaires, les autorités ont délibérément décidé de ne pas renforcer les protections de la ville en faisant le pari, finalement criminel, qu'il y avait peu de risques qu'elle ait à affronter un cyclone plus puissant.

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