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Leur société
Dégradation de l’hôpital public : Il faut y investir les deniers publics
L'hôpital public va mal. Ce n'est pas un scoop. Tous ceux qui ont récemment fréquenté un tel hôpital, pour eux-mêmes ou un proche, n'ont pu que le constater. Faute d'embauche, les personnels soignants sont à la limite de ce qu'ils peuvent humainement faire. Faute de moyens financiers adéquats, il n'est pas rare qu'on demande à des familles de patients d'aller acheter dans une pharmacie les médicaments de base dont le service hospitalier ne dispose plus. Et cela risque bien de ne pas s'améliorer.
En 2004, la partie des dépenses non réglées à la fin de l'année, et qu'il a donc fallu reporter et prendre sur le budget de 2005, avait atteint 500 millions d'euros. À la fin de l'année 2005, on s'attendait à ce qu'il atteigne un milliard d'euros! C'étaient les chiffres donnés cet été par la très officielle FHF, Fédération Hospitalière de France, qui regroupe en association les établissements publics hospitaliers et qui n'a rien d'un repère de syndicalistes extrémistes. Elle ajoutait que, pour assurer le «strict maintien des moyens actuels», c'est-à-dire, en clair, simplement maintenir l'état de dénuement actuel, il fallait, pour 2006, une augmentation de 4,32% de l'Ondam hospitalier, l'Objectif national des dépenses de l'assurance maladie pour l'hôpital. Faute de quoi, avertissait-elle, il faudrait supprimer 30000 emplois!
Dans une interview donnée mardi 6 septembre au Parisien, Claude Evin, ancien ministre socialiste de la Santé et... actuel président de la FHF, déclarait que finalement le déficit des hôpitaux atteindrait 1,2 milliard d'euros fin 2005. Et de poursuivre en proclamant que les trois quarts des hôpitaux étaient désormais «dans le rouge». Qu'entend-il par là? Allait-il dénoncer les fermetures de lits, le manque de médicaments, le personnel hospitalier en nombre dramatiquement insuffisant? Allait-il s'émouvoir de la pitoyable qualité des soins que cela entraîne pour les malades? Pas du tout! Il est uniquement intervenu en gestionnaire de budget. Entre autres, il a eu le culot de dénoncer «l'augmentation salariale qui a été accordée aux fonctionnaires au printemps, qui représente un surcoût de 100 millions d'euros pour 2005 et qui n'était pas prévu.» Sa casquette de ministre lui colle toujours à la tête!
L'hôpital public, il faut le rappeler, est financé pratiquement à 100% par la Sécurité sociale et par les malades. Depuis maintenant des décennies, quels que soient les gouvernements, ce sont les assurés sociaux qui ont été ponctionnés, que ce soit par le biais de l'augmentation des cotisations, le forfait hospitalier, ou encore le racket d'un euro par consultation, pour augmenter le budget hospitalier. Pour que l'hôpital public cesse de se dégrader, il faudra contraindre l'État à considérer la santé du public comme une priorité, le contraindre de financer l'hôpital public avec les deniers publics.