Le nouveau ministre de l'Éducation nationale, Gilles de Robien, est content de sa «première rentrée scolaire», et se dit confiant dans l'application de la réforme Fillon.

Pourtant, cette rentrée se traduit par des suppressions d'emplois sans précédent dans le second degré, l'insuffisance de postes créés dans le premier et un surcroît de précarité pour l'ensemble du personnel. Déjà, des parents d'élèves protestent et occupent des écoles dans diverses villes, et les enseignants envisagent des journées de protestation contre le manque de moyens.

Cela n'empêche pas de Robien de proclamer sa satisfaction, dans une lettre envoyée au domicile de chaque enseignant, pour un coût d'environ 500000 euros.

Son contenu? D'abord quelques effets de plume: «La République doit avant tout manifester sa reconnaissance envers les enseignants»; ou encore les enseignants sauront «épouser notre époque et répondre à la mondialisation par un supplément d'humanisation et assurer un service public authentique».

Mais par-delà ces phrases creuses, de Robien justifie la mise en application du plan de son prédécesseur Fillon.

À la rentrée, il y aura 6000 enseignants en moins dans les écoles, les collèges et les lycées, puisqu'il y a 36000 départs à la retraite pour seulement 30000 nouveaux enseignants. Dans les écoles primaires, 700 postes sont créés pour 45000 élèves supplémentaires, ce qui fait un poste en plus pour 65 élèves nouveaux. Par contre, dans les collèges et les lycées, 5500 postes sont supprimés, alors qu'il y aura 50153 élèves en moins, ce qui fait un poste supprimé pour 9 élèves en moins. Cherchez la logique!

De Robien se félicite aussi des 45000 «emplois de vie scolaire» créés pour cette rentrée. Mais il ne dit pas que ce sont des emplois précaires, qui ne compenseront pas les 62000 emplois-jeunes supprimés depuis 2003, ni les 60000 «contrats emploi-solidarité» de l'Éducation nationale qui sont ou vont arriver à terme dans les années qui viennent. Même si on tient compte de la création des 30000 postes d'assistants d'éducation en 2003, la vie scolaire aura perdu, en trois ans, 45000 postes.

De Robien affirme aussi placer «l'égalité des chances au centre de (ses) efforts» et cite des mesures censées y aider, comme «faciliter l'accès à la scolarité des enfants handicapés». Mais les familles de ces enfants savent ce qu'il faut penser de ces promesses, renouvelées chaque année sans qu'elles soient suivies d'effet.

Le ministre dit aussi vouloir aider «les élèves boursiers particulièrement méritants» par des «bourses complémentaires». Rien n'étant prévu pour augmenter le budget consacré aux bourses, donner plus aux uns reviendra donc à priver les autres d'autant.

Les remplacements de professeurs absents pendant une courte durée par leurs collègues sont aussi évoqués; non pas pour avouer qu'ils ont pour but de pallier les diminutions du nombre de professeurs remplaçants et de surveillants, mais afin que «les classes soient assurées», et peu importe par qui ni comment.

Bien sûr, il n'y a pas un mot dans cette lettre sur les classes surchargées, les non-titulaires sans poste ou les élèves sans école.

De Robien affirmait, il y a quelques jours, que «la rentrée s'est bien passée à 99%». Puisque c'est lui qui le dit...