Ascenseurs : Toujours aussi vétustes et peu sûrs08/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1936.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ascenseurs : Toujours aussi vétustes et peu sûrs

Trois ans après la mort de Bilal, cet enfant âgé de quatre ans décédé suite à une chute dans une cage d'ascenseur d'un immeuble HLM de Strasbourg, s'est ouvert lundi 5 septembre le procès mettant en cause la société gestionnaire de l'ascenseur, AMS (Ascenseurs Multi-Services), représentée par son directeur et son responsable de sécurité, pour «homicide par imprudence». L'organisme de HLM de la communauté urbaine de la ville, CUS Habitat, pourtant propriétaire de l'immeuble, n'est quant à lui pas poursuivi.

Cet accident, comme d'autres comparables survenus peu après, avait conduit le ministre du Logement de l'époque, Gilles de Robien, à élaborer une loi visant à améliorer la sécurité des ascenseurs, loi votée un an plus tard, en juillet 2003. Il a fallu attendre encore une autre année pour que paraissent les décrets d'application. Et encore, le ministère de la Cohésion sociale a avoué lundi 5 septembre que le dernier décret n'avait été publié que le 27 juillet dernier! Tout cela est long, fort long, mais il va falloir attendre encore bien plus longtemps pour que soient réellement rénovés les ascenseurs trop anciens ou défectueux, puisque cette loi de Robien donne aux propriétaires entre cinq et quinze ans pour effectuer les travaux, et que la question de leur financement reste floue.

Force est de constater en tout cas que, trois ans après la mort du petit Bilal, l'état des 420000 appareils français, empruntés par cent millions d'usagers, ne s'est pas amélioré. Le pays possède le parc le plus important et aussi le plus vétuste du continent, puisque deux tiers des ascenseurs ont plus de vingt ans.

À la vétusté s'ajoute le manque d'entretien. Le procès qui vient de s'ouvrir met en cause le technicien, qui n'aurait pas fait toutes les vérifications nécessaires. Mais dans toutes les entreprises de réparation d'ascenseurs, la sienne, comme les autres, les patrons soumettent leurs employés à une surcharge de travail. La dégradation des conditions de travail des dépanneurs est dénoncée régulièrement par la coordination CGT des ascenseurs. Chaque dépanneur doit s'occuper de 120 ascenseurs, voire plus. Et ce chiffre est doublé en cas d'absence d'un des dépanneurs, car aucun remplacement n'est prévu. La coordination CGT souligne aussi que les accidents sont fréquents parmi les dépanneurs. «Il y a au moins un mort chaque année, parfois deux ou trois», déplorait Robert Pelletier, de la coordination CGT des ascenseurs en décembre 2004, alors que deux salariés, un dépanneur de Schindler et un autre travaillant pour l'entreprise Thyssen, venaient de trouver la mort.

C'est dans les logements des quartiers et cités populaires que la situation est la plus préoccupante. C'est là qu'on trouve le matériel le plus vétuste. Quotidiennement les habitants d'immeubles HLM doivent faire face aux pannes qui les contraignent à monter six, huit ou dix étages à pied. Les modèles installés sont souvent moins performants que ceux des bureaux ou des immeubles de standing. L'entretien dans certains quartiers ou cités populaires, souvent moins fréquent, est parfois rendu plus difficile à cause des nombreuses dégradations.

Quand il s'agit de la sécurité des personnes et surtout quand il s'agit de celle des pauvres, les propriétaires privés et même les bailleurs sociaux ont rarement envie de mettre la main au porte-monnaie.

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