Selon une enquête de la revue 60 millions de consommateurs, le pouvoir d'achat n'aurait quasiment pas augmenté entre juin 2001 et juin 2005. À 30 euros près, la hausse du salaire moyen a été absorbée par la hausse des prix.

Mais salaire moyen, cela ne veut pas dire grand-chose. Car ce salaire «moyen» augmente, même lorsque seuls les hauts salaires augmentent, alors que les produits ne sont pas moins chers pour les classes populaires. Et surtout, parler salaire, c'est ne pas tenir compte de ceux qui sont au chômage, ont retrouvé un emploi moins payé, ou n'ont plus que des emplois à temps partiel. Mais, que le pouvoir d'achat n'augmente pas, y a-t-il réellement besoin d'enquête pour s'en convaincre?

Le premier bilan de ces vacances qui se terminent a d'ailleurs confirmé la tendance. Le ministère du Tourisme signale ainsi «le raccourcissement général de la durée des séjours et la baisse des dépenses, reflet des performances économiques médiocres des pays européens». Le chômage augmente partout en Europe, mais le gouvernement s'étonne que les gens ne partent pas en vacances! Et comme chaque été, on a revu à la télé restaurateurs ou hôteliers se plaindre que les touristes restent moins longtemps, consomment plus volontiers des sandwiches que des repas au restaurant, se logent chez leurs amis plutôt qu'à l'hôtel ou en location.

Pour tronqués qu'ils soient, les chiffres de l'Insee confirment ce que tout un chacun constate. Les départs en vacances (et «vacances» à l'Insee, cela commence dès qu'on a passé cinq jours hors de chez soi) stagnent depuis quinze ans. Deux Français sur cinq ne partent pas.

Mais pas de pessimisme! Il y a encore des gens qui peuvent dépenser sans compter en vacances: ainsi Lindsay Owen-Jones, PDG de L'Oréal, a touché chaque mois en 2004 la bagatelle de 476 fois le smic. Quatre smic à l'heure, quand ses suivants immédiats, les PDG de Vivendi, Carrefour ou Axa n'ont touché que deux smic à l'heure à peine...