Chirac et le patriotisme économique : Patrons, je vous offre des milliards d’euros... français01/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1935.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Chirac et le patriotisme économique : Patrons, je vous offre des milliards d’euros... français

Chirac, accompagné d'une brochette de ministres, s'est déplacé à Reims le mardi 30 août pour annoncer en grande pompe la création d'une «Agence française de l'innovation industrielle».

Il a ainsi donné le coup d'envoi à «un grand projet industriel pour les dix ou quinze prochaines années», annonçant «un effort inédit» pour «conquérir de nouvelles positions et nous placer aux avant-postes de l'innovation industrielle et de la recherche». Rien que ça. Le problème, c'est qu'on a l'impression d'avoir entendu cette chanson de multiples fois. Encore une «Agence», dotée de quelques milliards de fonds publics (deux milliards pour les deux prochaines années) qui seront dilapidés au profits de quelques patrons en mal de subventions. Les heureux élus seront, par exemple, les pauvres industriels de la téléphonie (un projet de téléphonie mobile de troisième génération sera ainsi subventionné), ceux de l'informatique et d'internet. Sans oublier les patrons des biotechnologies, comme celui de Cristal Union de Reims que Chirac a tenu à féliciter. Ce patron, présenté comme «agriculteur», est en fait un industriel, président d'une des plus importantes sociétés sucrières du pays (le sucre Daddy), maire, conseiller général, président de la communauté de communes, qui a donc réussi à faire financer son usine de biocarburant à base d'alcool de betterave, de maïs ou de blé, par cette nouvelle agence.

En échange des milliards promis, les heureux bénéficiaires ont dû écouter la péroraison du président Chirac, les implorant de respecter un peu de patriotisme économique. «Il me paraît essentiel que vous fassiez de l'Europe, et d'abord de la France, le terrain privilégié d'implantation de vos activités nouvelles.» «C'est votre devoir d'entreprises françaises», a-t-il solennellement proclamé. «Vous devez vous engager dans un nouveau partenariat avec la Nation.»

Mais les patrons en question ont écouté d'autant plus poliment que le fromage offert, comme aurait pu dire La Fontaine, valait bien cette leçon de morale sans conséquence.

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