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Dans les entreprises
SNCM-Marseille : Les «experts» à l’oeuvre
La Compagnie de navigation SNCM est en cours de privatisation. Les groupes financiers sont aux aguets. Ils ont envoyé leurs éclaireurs de pointe, des «experts».
Dans les bureaux de la SNCM une petite armée d'«experts» a donc débarqué. Ils sont là, étudiant en long, en large et en travers tout ce qui touche à l'argent. Ils ont fait leur nid à la comptabilité. Sur les bateaux, à la restauration, ils sont à l'affût pour savoir où va et d'où vient l'argent. Surveillant d'une manière drastique les comptes de la restauration, ils cherchent la faute, histoire de culpabiliser un peu plus les employés. Mais ces «experts» ne sont que les créatures des entreprises qui lorgnent sur le rachat de la SNCM. Lors d'une autre expertise, ces «experts», stricts, tout en noir, d'une rigidité cadavérique, avaient décrété: trop de personnel, des coûts de main-d'oeuvre trop importants. Mais, pour leur malheur, ils avaient conclu juste avant que leur groupe, le groupe Andersen, ne soit mouillé jusqu'au cou dans la faillite du groupe américain Enron.
En ce moment les rotations de bateaux battent leur plein, et comme il n'y a pas eu d'embauche aux ateliers la direction n'hésite pas à nous demander de rester travailler de plus en plus tard. Les réparations urgentes qui n'ont pas été programmées à temps doivent donc se faire en catastrophe, quitte à retarder le départ des navires.
Sur les quais, ceux qui travaillent, qui dirigent les voitures, vérifient les billets et informent les passagers sont en sous-effectifs. Ils font des journées de 10, voire 11heures. Le travail est d'autant plus difficile que les passagers sont sous tension. Beaucoup d'entre eux, en particulier sur les lignes du Maghreb, lignes qui rapportent le plus, arrivent tôt le matin, voire la veille, pour être sûrs d'embarquer, et cela quelquefois à 22heures.
Sur les quais il n'y a aucunes commodités, l'attente des passagers se fait en plein soleil, dans des conditions déplorables. Les incidents se multiplient et dégénèrent quand l'attente dure à cause du manque de personnel.
Et ce serait tous ces emplois que les «experts» voudraient rogner? S'il y a des emplois à supprimer, ce sont ceux vraiment inutiles... comme ceux de tels «experts»!