- Accueil
- Lutte ouvrière n°1933
- Prix de l’essence
Leur société
Prix de l’essence
L'État et les compagnies pétrolières font le plein
Avec la flambée des cours du pétrole, le passage à la station-service devient chaque fois plus douloureux. En juillet, le litre d'essence était en moyenne 16% plus cher que l'année précédente. En un seul mois, de juin à juillet, il a augmenté de 7,5%.
Ce racket touche bien sûr les automobilistes partis en vacances. Mais il touche aussi ceux qui ne sont pas partis et sont contraints d'utiliser leur véhicule pour aller travailler. Si rouler coûte cher, se chauffer aussi: le prix du litre de fuel domestique est passé de janvier à juillet de 48 centimes à 60 centimes: 25% d'augmentation en 6 mois.
Mais c'est aussi ce qui fait le bonheur des compagnies pétrolières. L'autre grand bénéficiaire est l'État, dont les rentrées fiscales augmentent. Pour le gouvernement, il n'y a pas lieu d'agir et il faut étudier, réfléchir, mais il n'est pas question de baisser les taxes. Carrez, député UMP et rapporteur du budget à l'Assemblée nationale, l'a dit crûment: «Un centime de baisse sur le prix final, cela représente 850 millions d'euros, soit 1,5 point d'impôt sur le revenu.» Le gouvernement est plus soucieux de faire des gestes en direction de sa clientèle électorale aisée que de soulager les smicards automobilistes.
C'est pourtant parce que l'essence et le gazole sont fortement taxés que le carburant est si onéreux. On paye actuellement environ 49euros un plein de 40litres de super98. Là-dessus, 17,5euros reviennent aux pétroliers, 23,5euros sont prélevés sous forme de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) et 8euros sous forme de TVA, soit plus de 31euros, près des deux tiers, sous forme de taxes indirectes. De plus, si le montant de la TIPP ne varie pas avec le prix du litre, ce n'est pas le cas de la TVA qui progresse avec l'envolée du prix à la pompe.
À elles deux, la TIPP et la TVA sur les produits pétroliers représentent des rentrées de plus de 30 milliards d'euros, soit près de la moitié de l'impôt sur le revenu. Ces impôts indirects sont bien plus injustes, car avant tout payés par les plus pauvres. Ainsi, un travailleur touchant un salaire moyen et se rendant au travail en voiture paye le plus souvent davantage de taxes sur l'essence que d'impôt sur le revenu.
Le gouvernement a osé dire qu'il préférait investir dans les énergies alternatives, soutenu en cela par les écologistes. Il est difficile d'être plus cynique. En 2004 déjà, il avait augmenté de 3centimes les taxes sur le diesel sous prétexte d'aider la SNCF et RFF (Réseau Ferré de France) à développer les transports en commun. Aujourd'hui, la même SNCF, avec la bénédiction du gouvernement, vient d'annoncer la fermeture de plusieurs lignes inter-régionales. Voilà un simple exemple qui permet de juger du baratin de ces gens-là.