Michelin Clermont-Ferrand : Les bénéfices gonflent, l’emploi se dégonfle17/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1933.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Michelin Clermont-Ferrand : Les bénéfices gonflent, l’emploi se dégonfle

«Excellente performance»... «Michelin sur une bonne trajectoire», voilà les commentaires élogieux qui ont salué l'annonce des résultats semestriels du groupe, aussitôt suivie d'un bond de l'action en Bourse. Mais pour les salariés, avec des usines qui ferment, des milliers d'emplois menacés et des salaires qui stagnent, c'est tout autre chose.

Michelin vient d'annoncer, par la voix du trio de cogérants dont Édouard Michelin est le pivot, des résultats bien meilleurs que ceux prévus par les experts et analystes financiers. Si le chiffre d'affaires, 7,5milliards d'euros, est sensiblement le même qu'au premier semestre 2004, les bénéfices sont en nette augmentation, de 8,9%, passant ainsi à 386millions d'euros.

La Bourse n'a pas manqué de saluer cela comme il convient, en faisant faire à l'action Michelin un bond de 4,33%, soit une des fortes hausses du marché boursier.

Pourtant Édouard Michelin ne cessait de se lamenter ces derniers mois, évoquant sans cesse l'augmentation du prix du pétrole, des coûts des matières premières et la concurrence.

Mais tout cela n'empêche nullement le groupe de partir à la conquête incessante de nouveaux marchés sur tous les continents, de l'Amérique à l'Asie, en y installant de nouvelles usines comme au Brésil ou en Inde, ou en les achetant clés en main, avec des réseaux commerciaux tout prêts comme en Chine.

Au passage, Michelin profite aussi d'une main-d'oeuvre qualifiée mais à très bon marché, comme en Pologne ou en Roumanie, où les salaires sont quatre à six fois plus bas qu'en France, ou encore comme en Inde où les travailleurs sont payés cinquante fois moins!

Mais c'est aussi en supprimant des milliers d'emplois que Michelin économise sur les salaires. Il y a quelques mois, il supprimait 1300 postes en Espagne et, tout récemment, il annonçait la fermeture de l'usine de Poitiers. Une partie seulement des 500 travailleurs garderont du travail, s'ils peuvent aller à Bourges ou à Clermont-Ferrand.

À Poitiers, les travailleurs ont réagi par des grèves et des manifestations, encore au début de juillet, pour protester contre la fermeture et pour demander le maintien des emplois.

Cette politique de suppression massive d'emplois se poursuit depuis des années. Entre 2004 et 2006, pour l'ensemble des usines Michelin en France, 2900 postes vont disparaître, dont 1900 à Clermont-Ferrand, soit 13% des effectifs.

Quand la direction claironne qu'elle embauche, ou qu'elle fait paraître des encarts publicitaires en ce sens, il s'agit pour l'essentiel d'emplois de cadres ou de commerciaux. En ce qui concerne la production, quand des jeunes sont embauchés, cela représente tout juste un emploi pour trois supprimés.

C'est aussi sur les conditions de travail que le patron compte pour réaliser du profit. Comme partout, avec moins d'effectifs, la production augmente sans cesse et, avec elle, les cadences, la fatigue, la flexibilité des horaires, le travail des week-ends...

Édouard Michelin est un patron qui n'a sûrement pas fait voeu de pauvreté. Son «salaire» a été augmenté de 146%, atteignant 4,26 millions d'euros par an. 146%, c'est un chiffre dont il faudra se souvenir pour fixer nos revendications!

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