La précarité ne se limite pas au contrat de travail04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La précarité ne se limite pas au contrat de travail

En réponse à ceux qui reprochaient aux ordonnances de Villepin d'instituer encore plus la précarité du travail, un représentant du gouvernement répliquait qu'il valait mieux avoir un travail, même précaire, qu'être chômeur. C'est la version cynique de la droite actuelle du bon mot d'un célèbre humoriste d'hier «il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade». Sauf que les chômeurs actuels n'ont aucune garantie de trouver plus facilement un travail et de le garder avec les recettes de Villepin. En ce domaine, on ne le répétera jamais assez, ce sont les patrons, et eux seuls, qui décident. Aucune contrainte ne s'impose à eux, et les mesures incitatives n'incitent que ceux qui veulent embaucher, quand ils en ont besoin, en fonction de leurs commandes. Et pourquoi le feraient-ils quand, par exemple, ils peuvent faire faire le même travail avec moins de salariés ou quand ils trouvent des intérimaires à gogo?

Mais il y a aussi d'autres aspects engendrés par la précarité: par exemple la difficulté de trouver un logement en fournissant les garanties de plus en exigeantes que demandent les propriétaires. De même, et pour des raisons similaires, comment obtenir un prêt bancaire pour s'acheter un véhicule pour se déplacer, instrument de plus en plus indispensable pour se rendre à un travail que l'on trouve rarement en bas de chez soi.

Et quand on nous explique que cette situation ne concernerait que ceux qui sont actuellement au chômage et qui de ce fait peuvent encore moins fournir ces garanties financières, c'est une contre-vérité. L'objectif du patronat ce n'est pas tant la baisse du chômage. Il se moque bien qu'il y ait des chômeurs en nombre. Au contraire même, l'existence du chômage le favorise en faisant pression sur les salaires. Ce qu'il veut en fait, c'est transformer tous les travailleurs en travailleurs précaires. Le MEDEF le dit depuis des années quasiment ouvertement. Et ce que le MEDEF désire, le gouvernement le met sur le chantier.

Telle est la raison qui fait que l'ensemble du monde du travail est directement visé par les ordonnances de l'inquiétant docteur Villepin, telle est la raison qui fait qu'il faut se préparer à y mettre le holà.

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