La Poste Centre de tri Bordeaux-Bègles : Un licenciement de trop, des sanctions inacceptables04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste Centre de tri Bordeaux-Bègles : Un licenciement de trop, des sanctions inacceptables

Le licenciement du camarade contractuel, 31 ans et délégué syndical CNT est la dernière mesure inique et arbitraire que vient de prendre la direction du Courrier. C'est le seul agent à être mis définitivement hors de La Poste. Cette sanction est la plus dure prise à l'encontre des quatorze militants syndicaux qui luttaient contre un plan de 48 suppressions d'emplois au centre de tri de Bordeaux-Bègles. Rappelons que face au refus de la direction d'engager de sérieuses négociations, plusieurs dizaines d'agents avaient retenu cinq cadres dans une salle de réunion CHSCT. Après avoir fait intervenir GIPN et CRS pour faire évacuer les lieux, la direction a engagé des poursuites judiciaires et disciplinaires contre quatorze agents, essentiellement des militants syndicaux. Le 13 juillet, La Poste avait confirmé les sanctions lourdes demandées par le Conseil central de discipline à Paris les 7 et 8 juillet à l'encontre de six des quatorze militants mis en cause au centre de tri de Bordeaux. Les sanctions d'exclusion sont de deux ans ferme pour deux d'entre eux, et de deux ans avec des périodes de sursis de un an à vingt et un mois pour les quatre autres.

Pour les sept agents qui ont été «jugés» par La Poste lors des conseils de discipline locaux à Bordeaux du 18 au 20juillet, les sanctions vont du déplacement d'office pour quatre, à des exclusions de neuf mois à deux ans avec des périodes de sursis de six à dix-huit mois pour les trois autres fonctionnaires. Quant au seul salarié de droit privé, c'est le licenciement pour faute lourde qui a été confirmé.

Ces derniers conseils de discipline se sont déroulés à la Direction du Courrier (DOTC) dans le bâtiment des chèques postaux de Bordeaux (CRSF). Si le déploiement de moyens de sécurité était bien inférieur aux dizaines de cars de CRS déployés à Paris les 7 et 8 juillet, la direction a tenu à se barricader en interdisant l'entrée avec barrières et CRS pour y contrôler tous les accès, avec la présence de vigiles avec des chiens rottweilers. Mais ce déploiement de force disproportionné et choquant a surtout convaincu un certain nombre d'agents du centre de venir rejoindre les 150 à 200 manifestants présents en permanence au pied de l'immeuble.

Les directeurs locaux de La Poste continuent quant à eux leur petite guerre. Ainsi le directeur du CRSF a montré sa solidarité avec le directeur de la DOTC en profitant de sa fonction de président de l'ASPTT (organisation sportive des postiers) pour interdire sur le terrain de cette association la manifestation de solidarité en faveur des syndicalistes sanctionnés. La manifestation a simplement eu lieu ailleurs. Elle a permis de rassembler plus de 300 personnes et permis de récolter 2000 euros de soutien.

Quant au Directeur de la DOTC, il s'est abondamment répandu dans la presse en utilisant le fait que les sanctions proposées par les conseils de discipline à Paris avaient été décidées à la majorité.

Il a juste «oublié» le chantage qui mettait en balance la révocation pure et simple de certains de nos camarades contre l'approbation de sanctions inférieures par les représentants syndicaux. Pratique courante dans cette instance. Cette majorité acquise ainsi lui a suffi pour affirmer que ce serait «une reconnaissance explicite des faits» et que les sanctions seraient «à la hauteur des fautes commises».

En licenciant purement et simplement le camarade en CDI, la direction de La Poste menace les dizaines de milliers d'agents contractuels qui représentent aujourd'hui 35% de l'ensemble des 310000 agents de La Poste. La direction tente ainsi de se faire craindre de l'ensemble des travailleurs de droit privé qui voudraient défendre leurs intérêts, contester la politique de La Poste, faire grève ou revendiquer.

Si La Poste a incontestablement reculé sur les révocations dont elle menaçait six des militants du centre, les sanctions prises restent du domaine de la tentative d'intimidation à l'égard de ceux qui s'opposeront à une rentabilisation des services dans le cadre d'une future privatisation.

Rappelons que suite à un dépôt de plainte de certains directeurs du centre de tri, neuf des quatorze militants ont été mis en examen et seront jugés au pénal. Ils risquent des années de prison ferme et plusieurs milliers d'euros d'amende.

Dans l'immédiat, des recours devant le tribunal administratif pour les fonctionnaires et devant le conseil des prud'hommes pour le contractuel seront prochainement déposés.

Il reste que La Poste pense sans doute que la réorganisation qu'elle entreprend passera plus facilement, notamment dans le cadre du regroupement sur Bordeaux d'une grande plate-forme nationale. C'est que, pour offrir à de futurs actionnaires une entreprise «rentable», La Poste entend supprimer des milliers d'emplois, s'en prend aux conditions de travail des agents et multiplie les provocations et sanctions pour finalement se débarrasser de ceux qui s'opposent résolument à cette politique. Mais comme le disent beaucoup de travailleurs du centre de tri, certains camarades sont certes provisoirement écartés mais d'autres restent et sont déterminés à continuer le combat, avec tous ceux qui ont pris conscience de cette nécessité. La Poste n'en a pas fini avec les travailleurs.

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