Comment ne plus comptabiliser les chômeurs04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Comment ne plus comptabiliser les chômeurs

Le gouvernement s'est targué d'une légère baisse du chômage pour le mois de juin: -1,4%, soit 35 200 demandeurs d'emploi en moins par rapport au mois précédent. Ces chiffres sont en eux-mêmes dérisoires comparés aux 2,4 à presque 3 millions de chômeurs (selon les méthodes de calcul) officiellement recensés. Mais de plus, il semblerait qu'ils ne correspondent que pour une toute petite part à un véritable retour à l'emploi.

Les statistiques fournies par le ministère du Travail indiquent que sur les 366012 personnes sorties des statistiques du chômage en juin (contre 32 9661 en mai), 81 838 ont repris un emploi, soit seulement 22,4%! Pour le reste, 39 547 chômeurs ont été radiés au cours du mois, et 163 642 n'ont pas été comptés dans les statistiques pour «absence au contrôle».

Cette dernière catégorie, en forte augmentation (+ 38734) par rapport à mai, semble promise à un bel avenir. Lorsque l'ANPE convoque des demandeurs d'emploi, environ 10% d'entre eux ne se manifestent pas et sont donc rayés des listes, quelles que soient les raisons de leur absence. Voilà un excellent moyen pour le gouvernement de réduire les chiffres du chômage, à défaut de s'attaquer au chômage lui-même.

Au début du mois de juin, Villepin avait demandé à l'ANPE de «recevoir individuellement les 57 000 jeunes au chômage depuis plus d'un an pour leur proposer une solution adaptée». Les convocations ont commencé fin juin et, comme il fallait s'y attendre en cette période de vacances, un tiers des jeunes chômeurs n'ont pas répondu à leur convocation. Vendredi dernier, le ministre du Travail, Jean-Louis Borloo, a demandé à son tour que soient convoqués avant la fin de l'année tous les bénéficiaires de l'ASS (Allocation spécifique de solidarité), soit 437 000 personnes. Cela sous le prétexte d'assurer un meilleur suivi des chômeurs, mais avec la motivation à peine masquée de réduire un peu plus les chiffres du chômage.

En fait, ce gouvernement, comme les précédents, se soucie comme d'une guigne du sort des chômeurs. Cela fait des années que tous multiplient les subventions, dégrèvements, contrats aidés et autres cadeaux au patronat pour prétendument l'inciter à embaucher. Les patrons empochent... mais ils n'embauchent pas pour autant. Car ce sont eux, et eux seuls, qui restent maîtres de la décision d'embaucher. Et le pire, c'est qu'on va leur accorder encore plus de facilités pour débaucher.

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