Baccarat (Meurthe-et-Moselle) : - Opération juteuse pour les actionnaires, incertitude pour les travailleurs04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Baccarat (Meurthe-et-Moselle) : - Opération juteuse pour les actionnaires, incertitude pour les travailleurs

La cristallerie de Baccarat emploie 650 salariés. Elle fait partie du groupe Taittinger, qui possède aussi les champagnes du même nom, des palaces à Paris et à Cannes, la chaîne des hôtels Concorde et les Campanile, Kyriad et Première classe. Le groupe est florissant, ses actions ont triplé au cours des dix-huit derniers mois.

La famille Taittinger, qui contrôle 37,8% du capital, a décidé de mettre le groupe en vente. Aussitôt plusieurs groupes financiers se sont mis sur les rangs. Et, en trois semaines seulement, un fonds d'investissement américain, Starwood Capital, a enlevé le marché en offrant 2,8 milliards d'euros, alors qu'il fallait environ 1,33 milliard pour s'assurer le contrôle du groupe. Il rachète la dette et paie les actions 10% au-dessus de leur valeur qui était déjà élevée.

En revanche nul ne sait pour le moment ce qu'il va advenir de la cristallerie de Baccarat. La CGT de l'entreprise a déclaré dans un communiqué: «Starwood Capital et la famille Taittinger ne citent que la marque Baccarat dans toutes leurs interviews, et non la cristallerie de Baccarat, c'est pourquoi nous appréhendons que l'objectif premier de Starwood Capital soit de réaliser d'énormes bénéfices à court terme sans se soucier de l'avenir des salariés.»

L'incertitude est d'autant plus grande que la direction a refusé de mettre sa stratégie à l'ordre du jour du comité d'établissement de groupe du 1er août. Elle compte sans doute sur la période des vacances pour éviter une réaction des travailleurs.

En digne héritière qui doit tout au hasard de sa naissance, Anne-Claire Taittinger, présidente du groupe et de Baccarat, affirme sans rire dans une interview à l'Est Républicain que «dans beaucoup de membres de la famille, il y a des gènes d'entrepreneurs». Les salariés de l'usine de Baccarat, qui viennent en 2003 et 2004 de traverser deux plans de licenciements, savent ce qu'ils peuvent attendre de tels «gènes».

Mais ils ont montré aussi leur capacité à s'organiser et à mener des luttes déterminées, arrachant par la grève en 1995 le treizième mois et des augmentations de salaires, puis encore en 2000 des augmentations et une grille unique des salaires.

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