Alstom Chantiers de l’Atlantique Saint Nazaire : Les travailleurs polonais continuent à exiger leurs salaires04/08/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/08/une1931.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Alstom Chantiers de l’Atlantique Saint Nazaire : Les travailleurs polonais continuent à exiger leurs salaires

Jeudi 21 juillet, 15 ouvriers polonais de Kliper soutenus par la CGT sont entrés en grève pour obtenir le paiement de leurs salaires impayés depuis deux mois. Leur patron polonais s'étant déclaré défaillant, ils ont imposé un recul partiel à leur donneur d'ordre, la société Gestal (entreprise locale, elle-même sous-traitante des Chantiers de l'Atlantique). 30% des sommes dues ont pu ainsi être récupérées (cf. LO n°1930).

Pour le reste, la Gestal comme les Chantiers de l'Atlantique prétendent qu'ils ne sont pas concernés. Les pouvoirs publics se déclarent impuissants et multiplient les pressions pour que les grévistes rentrent en Pologne. Excédés, les 13 travailleurs encore en lutte se sont enchaînés devant la mairie de Saint-Nazaire jeudi 28juillet et ont entamé le lendemain une grève de la faim.

Ce que veulent les travailleurs polonais c'est que leur problème soit réglé en France, là où ils ont travaillé, car ils savent que de retour en Pologne ils n'ont aucune chance de se faire payer leur dû. Non seulement leur patron se déclare insolvable mais il les menace même de poursuites en leur faisant porter la responsabilité de ses difficultés. En Pologne aussi, leur grève est considérée comme illégale, car il n'y a pas eu de dépôt de préavis.

Ces travailleurs ont d'autant plus raison de demander des comptes à la Gestal et à l'Alstom dont dépendent les Chantiers de l'Atlantique, que leur situation n'est pas une première. Avant eux, des travailleurs grecs, indiens, portugais et roumains ont connu pareille escroquerie. L'attitude constante des patrons locaux et des pouvoirs publics a été de dire que cela ne les concernait pas et que le problème devait se régler dans le pays d'origine. Mais tout ce qu'ont obtenu les travailleurs concernés, c'est par leur lutte à Saint-Nazaire même qu'ils l'ont gagné. De retour au pays les sommes encore dues n'ont jamais été versées.

La répétition de ces arnaques montre à l'évidence que cela résulte de la politique de la direction des Chantiers de l'Atlantique: elle impose à ses sous-traitants de trouver de la main-d'oeuvre au moindre coût et elle les encourage à aller la chercher dans les pays où la législation sociale est nettement moins contraignante qu'ici.

Cette politique est menée avec la complicité des pouvoirs publics, y compris quand les dispositions légales en vigueur sont allègrement piétinées. C'est ainsi qu'en novembre 2003 l'inspection du travail avait relevé une série d'infractions à l'encontre de la société sous-traitante roumaine Klas-Impex qui n'avait pas payé ses salariés. Entre autres, la société ne remettait pas de bulletin de salaire, payait les salaires à échéances variables et faisait obstacle aux fonctions des agents de l'inspection du travail. Le procureur de la République a classé sans suite cette affaire, de même que la plainte déposée par deux salariés de cette société menacés de mort par leur patron.

Quant aux notables politiques locaux, ils se gardent bien de critiquer la politique de la direction de l'Alstom. Le maire et le député de Saint-Nazaire sont au PS, mais même quand leur parti ne gouverne pas, ils veillent à ne pas gêner la politique de la direction de l'Alstom qui, aux Chantiers de l'Atlantique, s'attaque au niveau des salaires de l'ensemble des travailleurs, français comme étrangers. La mise en concurrence des travailleurs locaux avec ceux venant de pays plus pauvres est une vieille pratique des capitalistes. À Saint-Nazaire, s'y ajoute depuis quelque temps le non-paiement des salaires au moyen de méthodes crapuleuses jamais condamnées.

Les travailleurs polonais vérifient combien dans un pays riche comme la France, vanté comme «une terre de liberté et d'égalité», la classe ouvrière doit lutter pour faire respecter ses droits les plus élémentaires. Elle ne doit compter que sur la solidarité des autres travailleurs, qui ont tout intérêt à ce que leurs compagnons polonais obtiennent leur dû.

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