Ordonnances, emplois, salaires : Manifestation en septembre21/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1929.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Ordonnances, emplois, salaires : Manifestation en septembre

Le vendredi 15 juillet, le gouvernement a transmis pour information, aux confédérations syndicales, les projets d'ordonnances qu'il entend promulguer avant la rentrée de septembre. Ces ordonnances ont pour but de faire avaliser une nouvelle série de remises en cause des droits dont bénéficiait encore le monde du travail. Du coup les confédérations syndicales, du moins une bonne part d'entre elles sinon toutes, ont annoncé leur intention d'organiser «une manifestation unitaire» les 12 ou 13 septembre, à l'occasion de l'échéance des cent jours, étape annoncée par de Villepin comme l'échéance du «changement» promis par son gouvernement.

Bernard Thibault pour la CGT a déclaré : «Je suis convaincu qu'il y aura une mobilisation unitaire au plan syndical à la rentrée sur l'emploi, le pouvoir d'achat et le droit du travail». Jean-Claude Mailly pour FO a fait savoir de son côté: «Nous proposons aux autres confédérations syndicales une riposte à la rentrée, en septembre ou en octobre, au moins de la même ampleur que la mobilisation du 10 mars».

Il est certain que les travailleurs ont tout intérêt à se saisir de l'occasion qui pourrait leur être ainsi donnée dès la rentrée pour manifester massivement leur volonté d'en finir avec les licenciements, la précarité toujours grandissante, les bas salaires et la remise en cause continue des droits du travail. Pour le moment, c'est le patronat qui a le sentiment d'avoir la main. Depuis des années il se montre de plus en plus gourmand, se servant de la menace du chômage pour bloquer, quand ce n'est pas baisser, les salaires, en imposant des conditions de travail toujours plus dures et en jetant à la rue des travailleurs par charrettes de centaines si ce n'est de milliers, dans des groupes riches à milliards. Le grand patronat affiche, avec de plus en plus d'arrogance au fil des années, son ambition de réaliser par tous les moyens 15% ou plus de bénéfices chaque nouvelle année.

Mais dans sa guerre aux travailleurs, le patronat s'est trouvé appuyé par tous les gouvernements, de droite comme de gauche, qui se sont succédé depuis un quart de siècle. Chacun à son tour, avec comme seules différences les mots employés pour se justifier, ceux-ci ont prêché la résignation et la vertu des sacrifices sur l'autel des profits patronaux. Le culot d'aujourd'hui de De Villepin a été préparé par l'hypocrisie d'hier des Jospin-Aubry-Fabius et Strauss-Kahn.

Et puis la légende de la prétendue force du patronat a aussi été grandement facilitée par la faiblesse volontaire des grandes confédérations syndicales. Il n'est pas au pouvoir des directions syndicales de mobiliser d'un seul coup toute la classe ouvrière. Mais il était de leur devoir de tout mettre en oeuvre pour préparer une telle mobilisation, d'organiser des actions, même limitées, destinées à permettre aux travailleurs de se compter, de prendre conscience de leur force, chaque succès même limité préparant une nouvelle phase de la lutte. Il était de leur devoir d'expliquer clairement aux travailleurs le but à atteindre. Au lieu de cela, toutes ces dernières années et encore il y a peu, il n'y a eu que des journées sporadiques de protestation sans lendemain, qui ont du coup renforcé la fausse impression qu'on ne pouvait rien faire. Le patronat a surtout gagné les batailles qui n'ont pas été menées.

Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, parle d'une protestation à venir qui doit avoir «au moins la même ampleur que le 10 mars». Oui, certes. Mais il aurait bien du mal à expliquer, lui et les autres dirigeants des confédérations syndicales, pourquoi il n'y a eu aucune suite à ce succès réel du 10 mars dernier. C'est que ces dirigeants, «dans l'unité syndicale» la plus complète ne l'ont pas voulue. Ils attendaient simplement d'être associés à de grandes négociations avec le gouvernement. C'est d'ailleurs ce dont se plaint, parallèlement à son appel à «une rentrée sportive sur le plan social», Bernard Thibaut, secrétaire général de la CGT, qui regrette, lui, que: «Les parlementaires décident de modifier des aspects importants du droit social sans aucune négociation avec les organisations syndicales». Comme si négociés ou pas les reculs ne restaient pas des reculs.

Alors si les travailleurs doivent se servir de l'occasion qui leur sera offerte pour se montrer, se compter, vérifier leurs forces intactes, c'est en ayant conscience que ce qu'il s'agit de préparer, c'est l'émergence d'une véritable explosion sociale, rassemblant les couches les plus larges de travailleurs, menée jusqu'à son terme, en faisant que la crainte, pour ne pas dire la sainte trouille, gagne le camp des patrons.

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