- Accueil
- Lutte ouvrière n°1929
- Les pôles de compétitivité à la mode Villepin
Leur société
Les pôles de compétitivité à la mode Villepin
De nouvelles pompes à argent publicpour le privé
Dominique de Villepin a dévoilé mardi 12 juillet les 67 pôles de compétitivité retenus par le gouvernement pour contribuer, d'après lui, à «lancer une nouvelle stratégie industrielle et territoriale» et à favoriser la «croissance». En fait, de Villepin a confirmé que ces «pôles» serviront essentiellement, sinon exclusivement, à distribuer, une fois de plus, l'argent public aux entreprises privées.
Après avoir lancé en septembre dernier un appel à candidature, de multiples projets ont été mis sur pied par les lobbies industriels, relayés par les députés de tout bord, les anciens et les nouveaux ministres, tous soucieux de récolter pour leur région, ou plutôt pour les industriels de leur région, de nouvelles subventions. L'enjeu était donc de définir quels seraient les heureux industriels, bénéficiaires des 750 millions d'euros de subventions promis par le gouvernement. Et devant le dilemme cornélien de choisir, le gouvernement de Villepin a finalement décidé... de doubler ses propres promesses, afin d'en satisfaire le maximum.
De 750 millions d'euros de cadeaux promis par le projet initial, la manne est donc passée finalement à 1,5 milliard. Sur trois ans, 300 millions d'euros seront accordés sous forme d'exonérations fiscales et sociales, 400 millions d'euros seront distribués par les différents ministères, et 800 millions par différents organismes publics.
Des précisions ont été données sur les exonérations qui pourront aller jusqu'à 100% de l'impôt sur les sociétés pendant trois ans, et encore 50% pendant deux ans (dans la limite de 100000 euros tout de même). Les exonérations de charges sociales, au détriment donc des caisses de Sécurité sociale, s'élèveront à 50% pour les PME et à 25% pour les grandes entreprises.
Le Premier ministre a également annoncé des modifications du code du travail pour permettre «des possibilités de mobilité accrue entre les différents acteurs d'un même pole». Il a même précisé qu'à cette fin, «la législation sur le détachement et le prêt de main-d'oeuvre sera adaptée».
L'essentiel de ces libéralités ira en fait aux grandes entreprises du pays. Pour ne prendre que quelques exemples, l'automobile, trustée en France par Renault et Peugeot-Citroën, s'est vu attribuer plusieurs pôles de compétitivité. La chimie, l'aéronautique, la construction navale, la fabrication de cuves pour réacteurs nucléaires, tous ces secteurs dont les acteurs industriels se comptent à chaque fois sur les doigts de la main, ont chacun remporté un ou plusieurs «pôles de compétitivité», avec primes à la clé. Et les entreprises citées pour devenir pivot de ces pôles font souvent partie des plus grosses, de celles qui font déjà des centaines de millions, sinon des milliards de bénéfices.
Ainsi, Thales, EDF sont citées plusieurs fois. STMicroelectronics, connue pour avoir licencié récemment des centaines de salariés, devient même tête de file d'un projet «mondial» de matériels et de logiciels pour les télécommunications.
Aucun doute, ces pôles de compétitivité vont doper la croissance... des bénéfices.