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- Lutte ouvrière n°1929
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Dans les entreprises
Koyo – Irigny (Rhône) : - Une grève victorieuse
À l'usine de Koyo, 850 ouvriers et 400 intérimaires fabriquent des pièces pour l'automobile. Pour beaucoup d'entre eux, les salaires stagnent à 1050 euros net par mois. À cela s'ajoutent des conditions de travail pénibles et les pressions quotidiennes, chantage, menaces, harcèlement, pour produire toujours plus de pièces, pour maintenir des cadences usantes pour l'organisme. Les intérimaires, qui représentent la moitié de l'effectif ouvrier embauché, effectuent souvent, les tâches les plus dures. Tout cela pour être finalement congédié une heure avant la fin de la semaine. Car depuis trois ans, malgré les départs en retraite, aucune embauche n'a été effectuée.
C'est pourquoi, lorsque les négociations salariales ont débuté, la colère a commencé à monter face à l'annonce de la direction de lâcher à peine plus de 1% d'augmentation. Et, mercredi 29 juin, quand un atelier a arrêté le travail en réponse à l'attitude particulièrement écoeurante d'un chef, les autres ateliers ont rapidement rejoint la grève. Puis ce sont les équipes de nuit et de VSD qui ont pris le relais. La participation à la grève a été massive, environ trois-quarts des ouvriers ont arrêté le travail. Des salariés en situation difficile et qui ne font jamais grève ont tenu cette fois à y participer du début à la fin et une trentaine d'intérimaires étaient également dans le coup. Pour beaucoup de salariés, la grève fut l'occasion de témoigner de leurs conditions de travail devenues insupportables et de la difficulté à vivre avec des salaires aussi bas, mais aussi de prendre conscience que la solidarité n'est pas qu'un mot.
Au bout de six jours de grève, la direction a dû lâcher une augmentation de 50 euros et des passages aux coefficients supérieurs pour 220 ouvriers, ce qui représente pour eux environ 100 euros au total. À une époque où le patronat rêve de nous faire travailler plus, les salariés en VSD, qui effectuent des journées de 12 h, ont obtenu une pause supplémentaire de 10 minutes chaque jour. Et enfin, la direction a dû s'engager à embaucher une quarantaine d'intérimaires pendant l'été et à remplacer chaque départ en retraite par une embauche, soit au total environ 80 intérimaires. À l'issue de cette grève, l'ambiance a changé, les ouvriers ont le sentiment d'avoir remporté une victoire contre le patron et les chefs qui se tiennent à carreau dorénavant. Ils sont fiers également d'avoir pu manifester leur solidarité en imposant l'embauche d'une partie des intérimaires. Mais au-delà de l'usine, ce conflit pourrait bien donner des idées à d'autres car nombreux sont les salariés de la région qui connaissent le même sort.