Irak : L’occupation militaire sème le chaos dans la population21/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1929.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : L’occupation militaire sème le chaos dans la population

Cette semaine, l'Irak a été marquée par une recrudescence de la violence: une nouvelle vague d'attentats-suicides a frappé aussi bien le gouvernement, les forces américaines, que des quartiers chiites.

Le coup d'envoi a été donné, ce mercredi 13 juillet où 32 enfants et adolescents irakiens ont trouvé la mort, à cause d'une voiture piégée, au moment où des soldats américains leur distribuaient chocolat et friandises. Vendredi 15, dix véhicules piégés ont explosé: ils visaient les forces américaines et irakiennes et ont fait 32 morts et une centaine de blessés.

Samedi 16 juillet, avait lieu un attentat-suicide particulièrement spectaculaire, l'explosion d'un camion citerne à Moussayeb dans un quartier populaire chiite, dont le bilan dépasse les 90 victimes, la plupart morts calcinés dans l'incendie qui a suivi l'explosion.

Dimanche, 22 personnes étaient tuées lors de quatre attentats à la voiture piégée dans le centre du pays, dont un a frappé les bureaux de la commission électorale irakienne.

Lundi 19 juillet, à Babouka, des hommes armés ont ouvert le feu sur un minibus transportant des ouvriers qui travaillent sur une base aérienne américaine, treize personnes ont été tuées, et six autres blessées.

Par ailleurs, 24 policiers, soldats et employés du gouvernement ont été tués lors de différentes attaques dans le centre du pays. Une quinzaine de policiers dont un colonel ont été tués à Bagdad et dans ses environs.

À l'est de Mossoul, deux soldats irakiens et le frère d'un député ont été assassinés. Dans le secteur de Dora, trois autres personnes ont été assassinées dont un employé du ministère du Commerce et un conseiller municipal.

Tous ces attentats rappellent à quel point l'Irak a été plongé dans le chaos par l'intervention puis l'occupation américaine. Que cette dernière se dissimule désormais derrière le paravent d'un gouvernement irakien ne change rien à l'affaire. Le bilan est particulièrement lourd. Le nombre des soldats américains tués est bien connu: 1737 morts au 17 juillet. Mais les États-Unis se moquent bien du nombre de tués côté irakien. Là, on en est réduit aux estimations qui varient selon les organismes, ici des pacifistes anglais, là l'Institut universitaire suisse des hautes études internationales, ou encore des sources militaires occidentales. La fourchette est large: entre 11000 et 39000 Irakiens tués depuis le début de l'occupation américaine.

Les États-Unis avaient prétendu intervenir au nom de la démocratie. Pour avoir l'air de tenir cette promesse, ils guident la plume, ces jours-ci, de politiciens irakiens chargés de rédiger une nouvelle Constitution. Mais la population, elle, doit se débattre dans un pays où la vie quotidienne reste très difficile et certainement pire qu'elle l'était avant la guerre, pendant la période de l'embargo.

Dimanche 17, les exportations de pétrole étaient interrompues par une grève de 24 heures de 15000 travailleurs qui réclament une augmentation des salaires et exigent une meilleure répartition des revenus pétroliers pour la population. En effet, les services de base, tels que l'approvisionnement en eau et en électricité, qui était déjà en piteux état, ont été dévastés par la guerre et l'occupation. Or, dans la répartition de l'argent consacré à la reconstruction du pays, la plus grande part va au financement de la sécurité. ce qui n'empêche pas qu'en se rendant à leurs activités, les habitants risquent chaque jour d'être victimes d'une fusillade ou d'un attentat piégé. Dans un tel contexte, un chiffon de papier constitutionnel semble bien dérisoire...

Quant au gouvernement américain, quand il est intervenu en Irak, il avait bien d'autres raisons en tête que la défense de la démocratie ou le sort de la population pour se lancer dans une telle aventure. Washington est d'abord préoccupé de maintenir son hégémonie politique sur cette région du monde, et économiquement sur ses réserves de pétrole. En prime, la guerre et l'occupation assurent les profits des grands trusts américains de l'armement et de l'équipement.

Bush l'a encore redit récemment devant un parterre de militaires: pas question pour le moment de quitter l'Irak. Un message reçu cinq sur cinq par son chef d'état-major qui vient de déclarer, après cette vague d'attentats-suicides, que rien n'empêchera la rédaction d'une nouvelle constitution et l'avancée vers la démocratie!

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