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- Lutte ouvrière n°1929
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Leur société
Chômage : Les patrons licencient, Chirac crie «haro sur les chômeurs...»
Lors de son entretien télévisé en marge de la garden-party du 14 juillet, le président de la République, Chirac, a surtout mis au pilori les chômeurs en déclarant: «Il y a trop de Français qui ne sont pas incités ou encouragés par des procédures adaptées à prendre des emplois», a-t-il lancé.
Chirac a fait semblant de trouver une solution en parlant du «guichet unique» que devrait constituer l'Unedic et l'ANPE, où chacun pourrrait «aller et avoir les informations et les moyens adaptés à son cas». Des informations, oui, quant à des emplois, c'est une autre affaire.
Périodiquement, la presse rappelle qu'il existe des professions en mal de candidats aux postes à pourvoir: cuisiniers, serveurs, maçons, chaudronniers ou vendeurs, toutes professions où les chefs d'entreprise rechercheraient des candidats expérimentés. Mais, pour l'essentiel, ces emplois n'existent tout simplement pas.
L'ANPE, dont le travail consiste justement à la fois à accueillir les chômeurs à la recherche d'un emploi, mais également à s'adresser aux chefs d'entreprise pour obtenir des offres d'emplois, vient de rappeler que le nombre d'emplois qui ne trouvent pas preneur ne dépasse pas 215000. Et elle estime que dans ce chiffre 55% sont en réalité des emplois qui ont trouvé preneur en dehors de l'ANPE, ce dont les patrons qui ont ainsi embauché omettent de l'informer. Au total, il ne resterait qu'un peu moins de 97000 emplois effectivement non pourvus.
On voit mal comment ces emplois-là pourraient répondre à l'attente des 2,5 millions de chômeurs officiellement recensés (sans même parler du demi-million de chômeurs ayant travaillé 78 heures dans le mois et qui ne figurent pas dans ce compte).
En réalité, ce ne sont pas les chômeurs qui sont fautifs, contrairement à une démagogie qui voudrait expliquer l'existence du chômage par le fait que les chômeurs ne veulent pas travailler. L'ANPE ne propose que ce que les chefs d'entreprise veulent bien annoncer. Et la réalité, c'est que les offres d'emplois sont très en dessous de ce qu'il serait nécessaire d'embaucher. Les employés de l'ANPE sont les premiers à savoir qu'en réalité les patrons n'embauchent guère actuellement, ils sont surtout beaucoup plus préoccupés de licencier. Quant aux chômeurs, ils savent eux que l'ANPE ne leur propose que de se débrouiller par eux-mêmes car elle n'a rien à leur proposer. C'est ce qui fait du patronat le premier responsable du chômage. Et c'est justement ce que veut esquiver Chirac quand il montre du doigt les chômeurs.