Allemagne - Peter Hartz : Un «souteneur du capitalisme»21/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1929.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne - Peter Hartz : Un «souteneur du capitalisme»

Peter Hartz, chef du personnel de Volkswagen vient, à son tour, de démissionner, après un ancien cadre dirigeant et le secrétaire du Comité central d'entreprise. Des révélations publiées par la presse ont, en effet, mis en cause le Comité directeur de Volkswagen qui aurait acheté des membres du Comité d'entreprise, en leur offrant, depuis des années, des voyages d'agrément... ainsi que les services de prostituées de luxe. En échange, ceux-ci auraient fait preuve de bienveillance envers les orientations de la direction.

Nous ne savons pas si ces affirmations sont, partiellement ou totalement, fondées. Et puis il y a sans doute, derrière tout cela, une part de règlement de compte politique car ceux qui sont mis en cause sont proches du Parti Social-Démocrate (SPD), ce qui arrange opportunément les affaires de la droite à quelques semaines d'élections législatives anticipées. Mais ce qui est certain, c'est que la grande majorité des dirigeants syndicaux allemands sont, depuis longtemps, des défenseurs avérés de l'ordre capitaliste, plus sensibles aux avantages que leurs relations avec le patronat peuvent leur apporter qu'aux revendications des travailleurs.

Mais ce n'est pas la seule affaire de corruption qui touche Volkswagen. Le trust a, récemment, porté plainte contre l'ancien chef du personnel de sa filiale tchèque, Skoda. Ce dernier est soupçonné d'avoir détourné de l'argent de l'entreprise via des sociétés-écrans, et aussi d'avoir exigé des pots de vin de sous-traitants. Et, en janvier dernier, Volkswagen avait déjà été mis sur la sellette pour avoir rémunéré, pendant des années, des élus, qui n'occupaient plus aucune fonction dans l'entreprise. Un député du SPD, qui avait d'abord nié les faits, avait finalement dû démissionner.

Alors, pour une entreprise qui a toujours été présentée comme une «vitrine sociale» en Allemagne, cet étalage de concussion fait évidemment un peu désordre. Mais, après tout, ce ne serait qu'une illustration du fonctionnement ordinaire du capitalisme dans un de ses bastions prétendument «démocratiques». Et le capitalisme allemand a, comme les autres, son lot de scandales, des fraudes comptables de Deutsche Telekom aux caisses noires de la CDU, qui mettaient en cause une partie du monde des affaires, pour ne citer que les cas les plus récents.

Le plus significatif dans cette histoire c'est qu'elle éclabousse, en la personne de Peter Hartz, un des principaux conseillers du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder... qui a lui-même siégé à la direction de Volkswagen lorsqu'il était ministre-président de Basse-Saxe. C'est en effet Peter Hartz qui a conçu la série de mesures gouvernementales, qui sont autant d'attaques contre le monde du travail, dont la loi Hartz-IV, entrée en vigueur début 2005, qui s'en prend de façon drastique aux conditions d'existence des chômeurs. C'est aussi le même individu qui est à l'origine de l'accord d'entreprise signé en novembre dernier chez Volkswagen. Les syndicats avaient alors cédé, sans combat, à son chantage aux 30000 licenciements en acceptant 28 mois de gel des salaires, l'augmentation de la flexibilité, de nouvelles embauches en dessous du tarif en vigueur.

Alors au-delà de la putréfaction du capitalisme, l'affaire Volkswagen est aussi le reflet de celle de la social-démocratie elle-même.

Partager