- Accueil
- Lutte ouvrière n°1929
- Agitation autour d’un éventuel rachat de Danone
Leur société
Agitation autour d’un éventuel rachat de Danone
Ni Pepsi ni Riboud, défense des droits des travailleurs
Il aura suffi qu'une rumeur courre sur une opération boursière de rachat de la multinationale Danone par une autre multinationale Pepsi-Co, toutes deux étant des géants de l'agro-alimentaire, pour que l'état d'urgence soit quasiment proclamée dans le pays. De l'UMP au PS en passant par la CFDT et la FNSEA, tous réclament que l'État intervienne de toute urgence pour empêcher ce groupe contrôlé par la famille Riboud, milliardaires français de père en fils, de tomber sous le contrôle de Pepsi-Co, qui est contrôlé par les Américains.
Cette union nationale pour défendre les intérêts de cette famille de grands capitalistes français qui a fermé des usines en France et à travers le monde, en jetant des milliers de ses salariés à la rue, dans le même temps où ses profits explosaient, est indécente et écoeurante. C'est dans l'ordre des choses pour la droite. Ce pourrait sembler plus surprenant d'entendre Fabius, «la gauche du PS», déclarer: il faut, pour le chef de l'État et le gouvernement, «agir en urgence afin que ce grand groupe puisse rester à base européenne et française». Le même Fabius qui n'avait rien à dire à la famille Riboud alors qu'il était au gouvernement et qu'elle fermait les usines de Calais, de Ris-Orangis et organisait des licenciements partout dans le pays.
Faire croire que les capitalistes français seraient au bout du compte moins mauvais que les méchants capitalistes étrangers, c'est le credo de tous ces politiciens, serviteurs du patronat national, pour essayer de détourner le monde du travail de ses principaux ennemis, justement les patrons du pays qui sont à portée de main et sur qui les réactions du monde du travail pourraient avoir un impact direct et immédiat.
La famille Riboud et les gros actionnaires actuels de Danone ne sont ni meilleurs ni pires que ceux du groupe Pepsi-Co, les deux ne sont préoccupés que d'une seule chose: amasser par tous les moyens et le plus vite possible le maximum de profit. Et Riboud peut tout à fait décider de fermer demain tout ou partie de ses usines en France si c'est profitable pour lui.
La seule chose certaine pour le moment, c'est que cette agitation aura en deux jours permis à l'action de Danone de grimper de près de 23% enrichissant d'autant les Riboud milliardaires. Quant aux travailleurs, ceux de Danone et d'ailleurs, leur intérêt n'est pas de se réfugier derrière leur patron ni que l'État distribue l'argent public à la famille Riboud pour garder le contrôle de son groupe, c'est de ne pas laisser les mains libres à tous ces grands patrons licencieurs. S'il faut «se mobiliser et réagir» c'est pour imposer le contrôle, par les travailleurs et la population, sur les comptes véritables de ces trusts, sans égard pour le «droit de propriété» des patrons et des riches actionnaires qui emmagasinent des milliards de bénéfices en osant licencier encore.