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- Lutte ouvrière n°1928
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Dans les entreprises
Thomson – Angers : Le dépeçage de l’entreprise se précise.
À Thomson Angers, il y a un an, l'entreprise comptait environ 800 salariés lorsque, dans le cadre de ce que la direction appelle la «restructuration», plus d'une centaine de travailleurs des structures (techniciens et cadres) étaient cédés à TTE (TCL Thomson Electronique), entreprise détenue majoritairement par la société chinoise TCL. Aujourd'hui cinquante de ces travailleurs, sur la centaine à avoir quitté l'entreprise, sont licenciés, la direction ayant décidé de faire faire le travail en Chine. Qu'ils aient travaillé 10, 20, 25 ans chez Thomson importe peu pour la direction de cette entreprise qui se réfugie derrière le fait qu'ils ne sont plus de Thomson mais de TTE. A ce jour, il n'est question pour ces travailleurs que de percevoir les indemnités légales et d'avoir ce que nous connaissons trop bien sur la localité après la liquidation d'une autre entreprise de la ville, ACT: une antenne emploi. Pour beaucoup d'entre eux, qui ont peu de tradition de lutte et qui se croyaient protégés, il s'agit ces jours-ci des premiers débrayages et manifestations auxquels ils participent.
De leur côté, les travailleurs de Thomson ont débrayé majoritairement aussi à cette annonce afin de demander des comptes à la direction. Dans une réunion du Comité d'entreprise qui s'est tenue récemment, la direction a annoncé la couleur sans ambages: sur les 670 salariés qu'il y a aujourd'hui, seuls 350 resteront dans «des métiers de service et dans le domaine de la télécommunication». 88 travailleurs âgés de plus de 55 ans partiront en préretraite et 118 autres dans le cadre d'un hypothétique accroissement d'A Novo, entreprise qui vient de se créer sur la ville avec déjà une quarantaine de salariés de Thomson. Enfin 60 autres travailleurs seraient eux aussi contraints de quitter l'entreprise pour... une hypothétique société de recyclage. En clair, la direction de Thomson Angers avoue son intention de se débarrasser de 180 travailleurs en direction d'entreprises dont l'avenir (voir TTE) est plus qu'aléatoire. Et pour faire bonne mesure et aussi peut-être pour ne pas prendre le risque d'une réaction, la direction vient d'annoncer une semaine de chômage technique à la veille des trois semaines de congés.
À plusieurs reprises, les élus de la CGT lui ont demandé qu'elle s'engage sur une reprise du personnel si les projets «tournent mal», et à ce jour elle refuse. Pour les derniers travailleurs qui ont pu croire dans les projets de la direction, les illusions s'estompent. Pour tous, de toute évidence, elle veut effectuer une coupe claire qui toucherait près de 200 salariés d'ici 2007 et la différence entre des licenciements purs et simples et le dépeçage auquel ils assistent n'est que de pure forme. On peut s'attendre à ce que la direction fasse tout pour atomiser les travailleurs en essayant d'en pousser vers la sortie, en incitant aux démarches individuelles et en bradant des pans entiers du personnel en direction d'entreprises peu fiables. Mais il n'est pas sûr qu'elle parvienne aussi facilement que cela à éviter les conflits; nous sommes encore plus de 500 à être au coeur de la production et beaucoup n'ont pas envie de se laisser faire.