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Leur société
Sarkozy et «l’immigration choisie» : La guerre aux immigrés les plus pauvres
Nicolas Sarkozy vient de donner ses consignes aux responsables de l'administration (consuls, sous-préfets, etc.) chargés du contrôle des entrées et séjours d'étrangers en France.
C'est clair: fini le prétendu laxisme qui consisterait, selon lui, à laisser entrer sur le territoire n'importe qui, n'importe comment. Il s'agit maintenant «d'accueillir ceux que nous souhaitons» et d'interdire à tous les autres l'entrée du territoire. Selon ses termes, il s'agirait de passer de «l'immigration subie» à une «immigration choisie»! Et pour arriver à ses fins, Sarkozy a ordonné que les différentes administrations se serrent les coudes, échangent les fichiers, agissent en liaison les unes avec les autres pour une efficacité maximum et examinent à la loupe toutes les demandes d'entrée sur le territoire. Même les touristes ne devraient pas échapper à la vigilance policière, du moins ceux qui viennent de pays «à risque migratoire», ce que des organisations humanitaires dénoncent à juste titre comme la porte ouverte à l'arbitraire le plus absolu.
Un système de points permettrait d'accueillir les seuls étudiants que le gouvernement français considère comme intéressants à recevoir. Sarkozy est également prêt à accepter de laisser entrer un certain nombre de travailleurs, dont les patrons auraient besoin pour leur qualification, ou au contraire pour leur disponibilité à accepter des bas salaires. Il ne parle pas de quotas de travailleurs immigrés, mais il entend fixer les limites précises de cette immigration, limites qui sont définies sans doute selon les besoins du patronat.
Pour le reste, les contrôles, les refus, les renvois et les expulsions seront la règle. Les dispositions actuelles n'étaient déjà pas tendres vis-à-vis de tous ceux qui, fuyant la misère, le dénuement ou la guerre régnant dans leurs pays, tentaient de survivre ici. Sarkozy avertit: désormais les attestations d'accueil pour héberger un immigré seront très sévèrement contrôlées et, probablement, refusées arbitrairement; les mariages seront a priori considérés comme blancs, forcés, illégaux donc, et les personnes concernées repoussées; les régularisations seront de plus en plus limitées; et bien sûr, les expulsions multipliées.
Sarkozy se fixe pour objectif l'expulsion de 23000 personnes en 2005, soit 50% de plus qu'en 2004. Et les centres de rétention, dans les aéroports et ailleurs, seront encore plus surpeuplés, véritables zones de non-droit à la porte d'un pays comme la France. Et l'on peut imaginer les mesures qui vont accompagner cette politique à l'égard de tous les immigrés: des contrôles encore plus nombreux dans les rues et les transports publics, une chasse au faciès et aux clandestins exacerbée, une précarité et une insécurité permanentes pour tous. En fragilisant encore un peu plus la situation de tous les immigrés, Sarkozy espère ratisser encore un peu plus de voix à droite et à l'extrême droite.
Contre cette politique que ne renierait pas Le Pen, l'ensemble du monde du travail doit affirmer son dégoût et son rejet, et sa solidarité avec tous ceux qu'elle vise.