- Accueil
- Lutte ouvrière n°1928
- Routiers : Le Parlement toujours à la botte du patronat a augmenté... les horaires de travail!
Leur société
Routiers : Le Parlement toujours à la botte du patronat a augmenté... les horaires de travail!
Dans la nuit du 11 au 12 juillet, les sénateurs de la droite UMP ont ratifié l'ordonnance de 2004 qui fait passer de 8 heures à 10 heures par jour le temps de travail des routiers français, ce qui va entraîner une aggravation de leurs conditions de travail, déjà passablement difficiles, et l'insécurité sur les routes et autoroutes.
La démagogie actuelle du gouvernement sur la durée du temps de travail, selon laquelle il faudrait travailler plus pour gagner plus, fait ainsi de nouveaux dégâts dans une profession où le temps passé au travail est déjà particulièrement long.
Si le texte adopté maintient pour les «grands routiers» une durée hebdomadaire de 56 heures maximum, il ouvre toutefois la possibilité de modulation sur une base trimestrielle, en défaveur du salarié, sous la seule réserve d'un accord collectif.
En attendant, pour tous les autres routiers, la durée hebdomadaire va augmenter de quatre heures, passant de 48 à 52 heures. 330000 travailleurs sont concernés par cette ordonnance, dont les promoteurs au sein du gouvernement prétendent transposer dans le droit français des directives européennes sur le temps de travail.
En réalité, non seulement les salariés travailleront plus, mais le nouveau système devrait permettre aux patrons de payer le moins possible d'heures supplémentaires. «On voulait douze mois de travail payés treize, et on nous impose treize mois payés douze», a résumé une porte-parole de la CGT.
Les députés et les sénateurs PS et PCF n'ont pas voté cette ordonnance, contrairement à d'autres occasions sous le gouvernement Jospin, où les députés du PS s'étaient eux aussi retranchés derrière les prétendues nécessités de l'harmonisation européenne.
Celle-ci a bon dos! En effet, si la directive européenne en question présentait quelques améliorations pour certains pays de l'Union européenne, elle était en retrait sur le droit du travail existant dans d'autres, dont la France. Et dans ce cas, il y était explicitement dit que, là où la directive serait inférieure à la situation existante, elle ne serait pas appliquée. C'est exactement ce que les parlementaires de l'UMP, à la botte d'un patronat qui veut en finir avec les protections existantes, viennent de piétiner.
En fait, cette harmonisation du droit européen tire vers le bas les conditions de travail des routiers français. Et le responsable, c'est bel et bien le gouvernement et ses parlementaires godillots. Le ministre du Tourisme, Léon Bertrand, a déclaré que ce texte allait permettre de «rendre ce secteur concurrentiel». Augmenter l'exploitation des routiers, et continuer à en faire des «forçats de la route», ne le gêne visiblement pas.
Dans leurs luttes de ces dernières années, les routiers avaient mis en avant la question des bas salaires et celle des horaires, en insistant sur les risques que des horaires trop longs faisaient peser sur la sécurité routière. Le gouvernement et le Parlement, eux, prennent allègrement le risque de voir augmenter le nombre d'accidents!