Luxembourg : Derrière le OUI à la Constitution européenne15/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1928.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Luxembourg : Derrière le OUI à la Constitution européenne

56,5% des électeurs du Luxembourg se sont prononcés dimanche 10 juillet en faveur de la Constitution européenne. Espérant faire oublier les résultats, désastreux pour eux, des référendums français et néerlandais, Chirac, Giscard ou le président de la Commission européenne José Barroso se sont précipités sur ce résultat pour se féliciter de ce vote «populaire» et «massif» qui ne l'est pourtant pas tant que cela.

Comme en France, les dirigeants politiques luxembourgeois avaient dans leur grande majorité fait campagne pour le «oui», à commencer par les trois partis dont les coalitions gouvernent alternativement le pays: le Parti Chrétien-Social de Jean-Claude Juncker, qui est Premier ministre depuis onze ans, le Parti «Ouvrier» Socialiste, qui gouverne avec lui en ce moment, et enfin le Parti Démocrate, de même que les Verts et la plupart des dirigeants syndicaux. La majorité de la population luxembourgeoise étant très favorable à l'Europe, tous pensaient probablement que le résultat du référendum était assuré et, en 2004, les sondages avaient donné le «oui» à 70%. Seuls le Parti Communiste et la petite coalition La Gauche autour de lui, ainsi que des petits groupes ou des personnalités proches d'Attac ou du Forum Social Luxembourgeois, avaient fait campagne pour le «non».

Mais comme en France, il semble que les menaces sur les services publics, la montée du chômage et de la précarité aient amené bien des électeurs des classes populaires à se servir de leur bulletin de vote pour rejeter la politique menée. Et finalement, malgré la campagne autour du thème «Nous devons tout à l'Europe» et le chantage à la démission de Juncker, le «non» l'a emporté dans le bassin sidérurgique proche de la frontière française. Quant au reste du pays, le «vote populaire» en faveur du «oui» est celui de moins d'un travailleur sur six, puisque seuls les citoyens luxembourgeois avaient le droit de vote dans ce référendum -vote d'ailleurs obligatoire pour eux- alors qu'ils ne représentent qu'un tiers des salariés du pays. Les autres, étrangers ou frontaliers, n'ont pas droit au chapitre: cette situation, qui exclut en fait l'essentiel de la classe ouvrière du vote pour les élections les plus importantes, est un des éléments qui empêchent l'opinion populaire de trop peser sur la vie politique et qui garantit cette stabilité qui aide à la prospérité des banques du grand-duché.

Heureusement, les travailleurs ont d'autres moyens de lutte car, citoyens ou pas, ce sont bien eux qui font tourner toute cette machine à profits.

Partager